C’est un coup d’éclat, un claque sonore qui ne s’applique pas encore sur mon fessier, mais qui résonne dans la tête en
mettant ma sensibilité au garde à vous. C’est la grosse correction qui m’attend et qui se veut intentionnellement éducative et exemplaire que je retienne vraiment bien ma
leçon.
Ma première idée c’est une consolation car j’échappe au paddle et surtout à la canne. Je sais donc que je puisse
m’asseoir à nouveau dans quelques heures au plus tard. C’est déjà ça de pris.
Mon homme a su m’inculquer un sacre respect pour les instruments. Ce frisson voluptueux, mélange d’envie de les subir et
d’appréhension. Quand mon regard se pose sur eux. Quand on en voit au supermarché. Quand le mot martinet est prononcé.
Ils sont les représentants visibles de la loi à la maison. J’ai dû même apprendre les courbettes avant de les
décrocher et leur entretien constitue un cérémoniel digne d’un culte phallique païen. Monsieur dans ses moments poétiques aime me considérer comme une « déa pagana »,
déesse païenne de la sensualité qui aurait besoin qu’on lui impose des limites avant qu’elle ne s’envole. Cette hantise est bien connue chez certains artistes depuis les exposés sur
Segantini qui a révolutionné l’art de manier les couleurs aériennes en peinture.
J’aime bien nos petites habitudes étranges. C’est de la complicité à l’état pur pour moi. Et surtout c’est monsieur qui m’a
appris des sensations et émotions nouvelles. Une éducation libidineuse et pervertissante à l’état pur, comblant la petite phrase qui contient une partie de mon
désir :
(Montre moi ce que tu sais faire avec une grande fille pour qu’elle se sente toute petite et
honteuse devant toi.)
Et n’oublie pas de faire pipi avant, isabelle.
C’est un rappel qu’on adresse à une gamine, pas à une femme adulte. C’est humiliant à entendre. Un rappel qui réveille des
lointains souvenirs. Quelle fierté pour une petite gamine qui arrive enfin d’accomplir cet acte toute seule en sachant quand il faut y aller. Puis à partir de ce jour le monde n’est plus comme
avant et la moindre allusion devient source de vexation qui culmine dans une réponse agacée :
Oui, je sais… je ne suis plus un bébé.
Etant adulte on oublie aussi souvent l’enjeu pour l’enfant de pouvoir baisser et remettre sa culotte sans aide. C’est entrer par
la grande porte dans monde d’adultes. C’est la fin de la dépendance, la fin qu’un autre nous mette les fesses à nu.
Puis la fessée bouleverse délicieusement cet équilibre, en réveillant des troubles d’antan.
En faisant sagement mon pipi comme il me le demande, je perds la notion de mon âge. Heureusement mes vêtements me le rappellent.
J’ai dû passer par un stade éducatif de petite culotte en coton et des socquettes blanches avec Monsieur. Uniforme de collégienne imposée à la maison. A presque 25 ans, malgré une carrière
professionnelle bien engagée. J’ai dû travailler dur pour mériter le droit de porter mes bas devant lui.
Cela m’a permise de ressentir ce que le fait de passer des socquettes au bas signifiait dans le temps pour les filles. Je me
souviens quand ma mère me parlait de ses premiers bas et de son premier porte-jarretelles. Il est difficilement imaginable aujourd’hui de cerner l’importance de cet événement. Ce premier pas
envers la découverte des garçons.
Pour moi, « Le tout permis » était naturel. Mais je ne me suis pas trompée quand j’ai imaginé ado que ce temps là
abritait une richesse d’émotions qui ne persiste de nos jours que dans les têtes des nostalgiques qui ne sont plus très jeunes.
Je n’aurais jamais cru à découvrir ce monde enchanté et idéalisé avant de connaître mon homme, grand mage qui récrée des
univers anachroniques à sa guise. Qui possède une palette infiniment grande dont chaque nuance se dévoile en tourbillon de troubles insoupçonnées.
Il y a des hommes avec lesquels on « s’envoie en l’air » en classe économique, d’autres proposent la business class ou
le jet privé. Par contre seul le tapis magique de Monsieur (en allusion à nos toutes premières gallinettes) permet une promenade au pays de Proust en goûtant les authentiques madeleines comme
d’antan.
Après le pipi, je me rends à la salle de bain. Etape incontournable depuis que je vis avec Monsieur. La propreté intime en cas
de punition éducative est un enjeu de taille.
Pour un rendez-vous galant avec le martinet on sort le grand jeu.
Hors de question - même pour peu - de sentir la petite fille négligée et de se voir amenée dans la salle de bain et de se
faire appliquer un nettoyage vraiment intégral intérieur et extérieur à l’ancienne.
Pour danser avec le martinet une fille modèle se doit sentir agréable et accueillante de
partout.
Cette phrase bien aimée de mon chéri adoré confirme ma futilité. Quand je l’ai entendue la première fois je ne puis m’empêcher
de fredonner l’air de Sylvie Vartan: La plus belle pour aller danser.
Monsieur a chopé une crise de fou-rire en me disant :
Pas évident de t’impressionner. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec toi, isabelle. Voyons les bien faits du
martinet sur ton tempérament méditerranéen pour allier danse et chant. Cinq minutes plus tard nous étions en larmes tous les deux, lui de rire, moi de contrition sincère. Il est important
dans un couple de s’accorder.
L’odeur de Midnight Poison en crème trouve grâce au nez de monsieur. Il est un peu dommage de s’en servir pour ses fesses et
l’entrejambe, mais il est vrai que cette crème est fort agréable à étaler et sent divinement bon.
Je suis toujours émerveillée quand je me passe de la crème sur mes parties intimes depuis que je suis définitivement épilée.
J’ai une vraie peau de bébé dont la douceur n’a rien à voir avec un rasage même particulièrement soigneux.
Je refais mon maquillage, contrôle la droiture des mes bas et réajuste mon tailleur.
Puis moi devant le martinet qui attend sagement suspendu à son crochet.
Là, c’est la fin de l’insouciance et prise de conscience de ce qui m’attend.
Ce petit truc rustique contraste avec mes allures élégantes. Pourtant c’est lui qui va mener la danse.
A nous deux…