Mercredi 22 avril 3 22 /04 /Avr 14:09


Monsieur a horreur des disputes. Il ne supporte pas que le ton monte. Il est un adepte d’un échange calme et posé. Je me demande comment il fait de garder la tête froide en tout circonstance. Je l’admire beaucoup sur ce point.


Ce matin là (au début de notre vie commune), c’est arrivé pour la première fois qu’il était témoin que je monte le ton. Au téléphone. Et que je devienne même insultante. Ca crie à haute voix et je ne fais pas bonne figure du tout. Pourtant rien de bien méchant et plutôt du folklore entre deux italiennes d’origine, mère et filles. Pour une broutille qui en vaut pas la chandelle. L’une comme l’autre, nous regrettons toujours avec le recul ce genre de discorde théâtrale. On passe l’éponge et basta. L’une comme l’autre nous ne sommes pas rancunières. Mon Papa pourrait en parler en long et en large. Il lui est même arrivé d’éclater de rire en face de ces deux femmes de sa vie qui se querellent avec ardeur. Réaction fort imprudente qui lui met aussitôt mère et fille sur le dos. Le pauvre.


Monsieur porte un regard bien différent sur ce genre de scène. Mais je ne le sais pas encore. La conversation se termine au beau milieu quand je jette jeté bruyamment l’écouteur sur le combiné. Vraiment en colère je me tourne vers mon homme.


Tu n’imagines même pas ce qu’elle a osée me dire, ma Maman.


Pas besoin d’imaginer, isabelle. T’as crié tellement fort.


Encore très échauffée je me prépare à passer mes nerfs sur une autre personne. C’est presque un réflexe depuis mon enfance dans une telle situation. J’ai raison et je veux être approuvée. Mon Papa m’approuvait et m’approuve presque toujours. Je m’apprête à reproduire ce mode de fonctionnement.


Et alors. Je n’ai pas raison !


Non !


Je marque un temps d’arrêt, tellement sa réponse est sèche. Je reste la bouche ouverte et mon regard fusille mon homme.


Va voir si je suis.


Monsieur a une réaction qui me surprend. Que je ne connais pas. Il m’attrape à l’oreille et cela fait bien mal.


Tu es mal élevée, isabelle. Je vais m’occuper de ce que ton père a oublié de t’inculquer. Le respect pour ta mère. On reprend ton éducation à zéro.


Là, je me sens toute petite. Pas uniquement parce que je trouve que mon homme a bien raison. J’ai dépasse des limites qui ne se dépassent pas. Etrange de me rendre compte seulement à l’âge adulte. Je rougis. C’est bien rare.


Un petit instant plus tard, je médite presque toute nue au coin devant un instrument récemment acquis. Une belle canne en rotin. J’ai déjà fait l’expérience du bien fait de cet instrument qui met mes idées bien en place. C’est très douloureux sur le coup, mais l’effet y est. Et c’est ce qui compte aux yeux de Monsieur. Et aux miens aussi par la même occasion.


J’ai dû mal à comprendre comment certaines personnes arrivent à prendre plaisir à la canne. Je parle de ceux qui la reçoivent bien entendu. Certes, la situation est un peu ambiguë et hautement psychologique. Monsieur a insisté que je garde mes sous-vêtements. Quelques unes au moins. Je déteste quand je suis punie, vêtue seulement du stricte nécessaire qui me rappelle mon statut de femme adulte. Apparence bien coquine faisant honneur aux grands moyens qu’une femme emploie envers un homme. Pour lui changer des idées, pour le mettre dans sa poche.


Mon rêve de jeune ado, de me parer enfin des bas et porte-jarretelles comme les « femmes du monde », me pèse lourdement en ce moment. Malgré mes apparences de séductrice, je vais me retrouver dans une situation de plus inconfortable. Elle me rappelle mes rêveries des pensionnats de jeunes filles. Elles étaient si plaisantes à imaginer. Sauf qu’entre temps j’ai bien saisi la différence entre une réalité douloureuse et un amusement de plus agréable avant de s’endormir.

 

 

A suivre...


 

Par isabelle183 - Publié dans : Éloge des instruments
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