Dimanche 15 juin 7 15 /06 /Juin 13:46

 

                        La mauvaise pente

 

Lucie ne se souvenait  plus comment cet impérieux désir de discipline était arrivé dans sa vie. Un jour il était là et il fallait vivre avec. Il s’installait dans ces rêves sans qu’elle s’aperçût. Elle inventa des scènes tournant autour de filles pas sages qui payèrent leurs audaces par des cuisantes déculottés. Toujours en spectatrice, dotée du pouvoir de se rendre invisible, elle fit - dans son imagination - le tour du cartier où elle grandissait en quête d’émotions fortes qui eurent des répercussions sous forme de sensations agréables.

À l’adolescence son goût de voyeurisme prit des dimensions inquiétantes et elle essayait tout pour ne pas y penser. Parfois elle y réussit pendant quelques jours, parfois pendant quelques semaines avant de retomber à nouveau dans cet engrainage qui lui pesait tant. Elle développa un fort sens de justice qui le fit intervenir quand elle sentit une de ses copines imaginaires, menacée d’une sanction. Elle aimait se voir en justicière de l’ombre qui défendait les malheureuses victimes et elle en sauva plus d’une de l’inévitable.

Mais il y avait des jours qui lui firent peur où la tentation emportait sur la bonne volonté. Sous l’emprise d’une invincible pulsion de son corps, elle se transforma en porte-parole de « l’autre justice » en ce procurant des frissons de plaisir et des sueurs froides en caressant doucement l’épicentre du séisme.

Elle espérait que le fait de devenir une femme allait calmer ses ardeurs malfamées, mais le résultat fut de courte durée et laissa un arrière goût douteux.

Elle regrettait amèrement l’âge d’or de l’innocence et se languissait de lui donner une nouvelle vie.

Puis un jour elle entendit du « village » et décida d’y aménager pour en écrire un livre sur un sujet qui la fascinait au plus haut dégrée.

Voila comment Lucie avait atterrie dans ce monde étrange dont parlent ses mémoires.

Nous avons suivis ses vacances studieuses chez Nadège ; allons nous pencher maintenant sur une rentrée mouvementée qui préserve une multitude de surprises pour notre héroïne.

 

Depuis le casting chez les « oiseaux bleus » Lucie se découvrit un besoin de plus en plus despotique de se démarquer par des mauvaises manières pour recevoir sa correction  devant les yeux de tout le monde.

Comme si elle voulait signaler que malgré de sévères sanctions elle n’avait pas perdu la flamme de la révolte. Pourtant sa réputation au village avait changé. Les tutrices considéraient dorénavant Lucie comme un exemple de bonne conduite que l’on met devant les yeux d’autres élèves en modèle à imiter.

 

Camille à son retour de vacances fut la première d’étonnée. Elle n’arrivait pas à douter de ses oreilles et se crut victime de mauvaises plaisanteries. Elle décida de visiter Lucie dès que possible pour vérifier les rumeurs.

Elle voulait en avoir le cœur net car l’idée de voir son amie de 22ans être déshabillée entièrement, puis devoir se présenter et se pencher devant le martinet de Nadège la troublait énormément.

Elle avait toujours admiré Lucie pour son franc parler et la façon dont celle-ci dictait les règles du jeu dans le ménage de son ancienne tutrice.

Et quand elle reçut elle-même de temps en temps une leçon brûlante en discipline parce qu’elle avait imité le comportement de son amie à la maison, elle aurait apprécié un juste retour des choses.

L’envie que Lucie fut soumise au même traitement la hantait souvent. Imaginer Lucie ayant très mal aux fesses dans une position humiliante lui fit oublier régulièrement son propre malheur.

Pour elle, il s’agissait avant tout d’assouvir ainsi quelque vengeance personnelle.

 

« Peut-être mon amie ne connaît pas encore ce vice qui ce mange froid », pensa-t-elle, « mais je me ferai une joie et un devoir personnel de lui apprendre un peu de modestie.  Elle est trop imbue de sa petite personne et mérite une leçon de taille. Et j’y compte bien sur le concours de Nadège. Il suffit simplement lui faire comprendre que Lucie n’est pas vraiment l’ange dont elle se fait passer pour.

Je connaît trop bien mon amie pour l’entraîner sur la mauvaise pente à nouveau.»

 

Il était bien connu que Nadège n’accordait jamais de sortis à ses élèves dans les premiers mois.

Que fut grande la surprise de Camille de voir débarquer Lucie à sa porte pour lui souhaiter le bonjour en personne. Certes, elle avait l’air ridicule dans sa tenue de fille modèle, mais sa présence témoigna du fait qu’elle avait réussi de contourner les principes de la plus sévère tutrice du village.

 

« Je suis en train de travailler intensément le goût de mode de Nadège. Crois-moi elle est presque à point », se vanta Lucie qui semblait inchangée malgré les ragots.

Ainsi coupa-t-elle court à la victoire que Camille s’apprêta à célébrer à cause des ses fringues hallucinants.

 

« Mais tu t’y vu ? »

 

« M’enfin, je ne suis pas superwoman. Laisse-moi un peu de temps. On ne déniche pas une veille bécasse de ses fondements en deux mois. Tu n’as aucune idée à quel point il est difficile de refaire son éducation. »

 

« Tu veux dire que tu es en train de prendre les règnes chez Nadège ? »

 

« Exactement ! Avec moi elle file tout doux. Méconnaissable la pauvre. Si tu voyais comment ça se passe chez nous, tu seras étonnée. »

 

« Alors tu n’as pas fait le mur pour me voir ? »

 

« Ne me prends pas pour une gamine. Je suis sortie par la grande porte. »

 

« Admettons ! Mais on dit pas mal de choses sur vous. J’ai entendu dire que tu reçois le martinet toute nue ? »

 

« Ce sont des histoires. Tu crois n’importe quoi. »

 

Et pour confirmer Lucie souleva sa jupe et baissa sa culotte pour montrer son derrière à son amie.

 

« Tu vois, pas la moindre trace. Avec moi ce genre de plan ne marche pas. »

 

Lucie oubliait de dire que Nadège l’avait gratifiée d’une exemption de fessée pendant trois jours pour son excellente prestation au concours ; juste le temps nécessaire pour sa peau de se refaire. Son plan avait abouti avec succès. Une peau immaculée pour ne pas perdre face devant Camille avec possibilité de lui inventer un bobard assez plausible. Ceci jumelé avec un droit de sorti, lié à des conditions très strictes faisant partie d’un « accord entre femmes », permit Lucie de conserver sa réputation pour l’instant.

 

Ce fut donc Lucie qui savoura une victoire de Pyrrhus.

Mise en confiance elle se laissa aller à des prouesses d’orgueil sans pareil. Elle critiqua ouvertement le monde de tutrices, leur faible sens de discernement et l’inefficacité de leurs méthodes. Se moquant de plus en plus d’un système bien rodé, elle proclama la supériorité des élèves et un renversement rapide du statu quo sous sa propre intendance. Camille la regardait avec admiration, collée aux lèvres des son amie en imaginant la future Lucie-république qui prônait l’abolition des châtiments corporels et interdiction officielle des instruments de discipline. Il fut décidé de brûler publiquement le jour de la révolution sur la place du village tous les martinets, cravaches, paddles, cannes et autres ustensiles. Camille avait un peu de mal à cerner pourquoi Lucie insista de rajouter les ceintures spécialisées ainsi que les bouchons médicaux, mais n’osa pas demander de peur de passer pour une cruche.

Elle crut prévoir que l’étincelle qu’amena Lucie dans sa chambre d’étudiante s’allait enflammer sous ses yeux pour un soulèvement général sur le champ.

La voix de Lucie la porta vers un avenir merveilleux, inimaginable jusqu’alors.

Lucie pour sa part se sentit encouragée par son amie dans son envol et ne déchiffra pas un soudain changement de l’expression du visage de son amie. Camille devint toute pâle et fit des signes étranges avec son regard, mais hélas trop tard et à sa grande stupéfaction Lucie vit un ombre à côté du sien. L’éducatrice de Camille se tenait derrière elle.

Lucie pâlit, comme Camille un instant avant et la vision de cette femme avec un martinet entre ses mains compromettait instamment tout espoir de mener la glorieuse action à bon terme.

 

« Cela fait un moment que je vous écoute. Je n’aime pas ce genre de propos dans ma maison. Visiblement les louanges à ton égard Lucie étaient un peu prématurées. »

 

Et en pointant sur le martinet elle rajouta :

 

« Il parait que tu connaisses bien l’usage de cet instrument selon les dires, jeune dame, mais à t’entendre parler il semble te manquer une petite initiation pour perfectionner ton savoir. Un jour tu me remercieras te t’avoir éclairé le bon chemin.

Voila, un bon vieux martinet dont tu as besoin depuis belle lurette. »

 

Quelques secondes plus tard Lucie se retrouvait sous le bras de Marie-Ange, tutrice de renom aussi et responsable de l’éducation de Camille. Penchée en avant, sa jupette levée, la culotte baissée Lucie goûtait l’écriture d’une main (munie d’un martinet traditionnel) presque aussi ferme que celle de Nadège.

Elle essaya de se débattre pour s’enfuir, mais Marie-Ange la retenait en position jusqu’à ce que son postérieur se transformât dans une zone de combat brûlante sur laquelle fut repoussée toute tentative de révolution.

La meneuse des foules devint à nouveau une simple jeunette (en larmes) qui éprouvait des remords et qui tenta lâchement de se racheter auprès de l’autorité en promettant une amélioration immédiate de son comportement.

Camille qui savait trop bien ce qui l’attendait pour ce soir resta digne et ne hasarda pas à exprimer sa réjouissance et son accord avec l’ancien régime.

 

La correction finie Lucie fut envoyée au coin du salon.

 

« En attendant Nadège tu nous exposeras les marques de ta discipline comme ils se doit pour une élève contrite. »

 

Camille hautement satisfaite du cours des événements éprouva pour la première fois de sa vie une gratitude toute autre, toute novelle envers sa tutrice. La rentrée s’annonçait bien.

 

12 Un mensonge et ses suites

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Par isabelle183 - Publié dans : Les mémoires de Lucie
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