Voici encore un petit texte qui date, avant de poursuivre mes romans. Ce sera surement pour
demain je pense.
Je porte souvent des tailleurs pour mon travail. J’aime l’élégance sobre de cet
indispensable de garde-robe de la femme active.
Il n’y a pas de prise de tête le matin. Un tailleur uni est facilement associable avec n’importe quel chemisier et donne une allure soignée et dynamique. Il met les formes féminines en valeur et marque une position bien à part des collègues masculins. J’ai toujours eu du mal à comprendre les femmes qui essaient au travail de copier les hommes que ce soit en vêtements, allures, gestes ou vocabulaire. D’ailleurs je ne comprends pas tout court l’intérêt de copier une autre personne. Il est tellement plus simple d’être soi-même.
Un tailleur véhicule beaucoup de sous-entendu pour certaines personnes : une rigueur de vie, un goût pour les valeurs traditionnelles ou encore le fameux bcbg.
Et pourquoi ce ne serait pas tout simplement : Je suis une femme et j’en suis fière de l’être. Je crois dans l’égalité des droits au travail peu importe le sexe, l’âge ou l’origine ethnique, mais pour rien au monde j’inclurai dans mes considérations la différence physique entre hommes et femmes.
Mon homme m’adore en tailleur qu’il appelle mon uniforme de taf. Il est fier comme un coq à chaque fois qu’il me sort ainsi vêtue pour faire les boutiques.
Pendant que je fais des essayages, il ne peut s’empêcher de tirer le rideau de manière indiscrète que tout le monde voie mes sous-vêtements à l’ancienne. Ou encore il adopte le « nous » jovial dans les magasins de lingerie :
Nous sommes très « porte-jarretelles ».
Nous avons un faible pour les bas coutures.
Nous aimons les belles choses d’antan.
Il a une façon bien particulière qui passe à la merveille avec les vendeuses et parfois elles se laissent vite aller à des petites confidences. Une chose est sure, moi qui suis discrète comme tout, je passe inaperçue quand je suis toute seule à faire mes courses. Avec lui c’est pas pareil. Et sa voix qui porte n’arrange rien. On se fait forcement remarquer et après une visite dans un nouveau magasin on se souviendra de nous pour la prochaine fois.
Avant les courses je lui fais souvent la remarque :
Sois un peu plus discret cette fois-ci.
Mais je sais pertinemment que je prêche dans le vent.
Je suis un peu habituée à ce genre de comportement depuis ma plus tendre enfance. Mon papa était tellement fier (et l’est encore) de sa fifille chérie qu’il ne loupait jamais une occasion pour me mettre sur le devant de la scène. Une telle éducation marque forcement et beaucoup de gens m’attestent au premier abord un ego surdimensionné. Que je sois sure de moi est un fait. De là extrapoler que je sois imbue de ma petite personne me parait assez injuste. Je ne suis pas du style à tirer avantage de mon physique. Je suis bosseuse et j’aime mériter l’estime qu’on me porte.
J’arrive à la fessée. J’aime que mon homme me pousse de mon piédestal, qu’il me redescende sur terre ou plutôt sur ses genoux.
En fait nous sommes en parfaite symbiose au niveau de nos fantasmes.
Grande différence avec la formule couple fusionnel qui ne me convient pas du tout.
Plus que je me « déguise » en grande dame du monde comme monsieur aime dire, plus l’envie de me corriger à la moindre faute le démange. J’adore cette petite variante « pygmalionesque » qui tente à m’idéaliser en m’appliquant une éducation méthodique. J’ai un peu l’impression qu’il fait de l’happening art avec moi dans la pure tradition de années 70 où le corps et la personne sont directement sublimés. Sauf que la transformation ne se fait pas de manière conventionnelle avec un pinceau par exemple, mais par l’emploi rigoureux de la main ou du martinet.
Me vêtir en tailleur pour le shopping est une aventure périlleuse pour mes fesses. Ca commence déjà le matin au petit déjeuner. Monsieur est au courrant de mes envies vestimentaires pour la journée. Je n’ai pas manqué de lui souffler la veille un petit mot à l’oreille :
- Demain pour le lèche vitrine je me mettrai en tailleur.
-Enfin tu penses à moi. J’ai parfois l’impression que tu fais du favoritisme envers ton entourage professionnel, isabelle.
-Grand jaloux, va !
Le petit dej se passe en parlant chiffon. Monsieur s’intéresse beaucoup à la mode féminine. Au changement de chaque saison il dévore mes journaux en me composant des tenues. Ca doit lui rappeler son enfance avec les catalogues d’époque quand il découpait les robes et jupes pour habiller les filles. Et aussi ses premières frissons d’adolescence en parcourrant les pages des sous-vêtements féminins.
En général il a bon goût. Parfois ça craint et je me vois déjà transformée en femme anachronique, risée de mes copines. Monsieur a tellement la cote qu’en plus le mauvais goût retombe sur moi. Et inutile de râler. Mes copines le défendent en toute circonstances. Il est vrai que je m’énerve assez souvent avec lui devant elles et que je monte le ton. Sans aucun doute une envie inconsciente de me choper une bonne fessée devant mes copines.
Lui, il reste calme, imperturbable et me lance un petit sourire en coin qui veut dire :
Tu vas voir tes fesses quand on rentrera à la maison. On dépoussiéra le martinet à ma façon.
Ou encore :
J’en connais une qui fera de l’ordi ce soir allongée sur le ventre.
Bref déjà au petit déjà il y a une tension qui s’y prête à me pousser à la faute. Surtout qu’à chaque fois je suis sermonnée avant la bataille.
Pas plus que deux heures aujourd’hui dans les parfumeries ou magasins de bibelots. De toute façon tu n’achètes jamais rien, isabelle.
Et il est sérieux. Il me chronomètre, lui qui vie sans montre depuis toujours en se fiant à ses instincts et je dois avouer que son horloge intérieure est d’une exactitude effrayante. Alors ma tension monte un cran de plus. Je me sens prise en tenaille, prête à exploser. Je suis intrépide sur ma chaise et j’ai du mal à ne pas bouger.
Lui qui aime le calme et les gestes posés ne supporte pas l’agitation aux aurores. Et même le soleil levant avec sa superbe gamme de couleurs douces n’arrange rien en ma faveur.
Je sais que dois me tenir à convenablement à table sinon je suis encore bonne pour chercher le martinet. J’ai horreur de cette règle et je me sens observée comme une gamine. J’étais toujours intenable à table et mes parents ont constaté un changement vers un mieux depuis que je suis avec mon homme.
Dans un couple amoureux le jeu de la séduction tourne autour d’une préparation d’un acte sexuel classique. Ce n’est pas très différent chez nous sauf que nous intercalons toute une panoplie éducative et disciplinaire qui ajoute à l’acte la dimension de « mérité pour bon comportement ».
Comme dit Arletty à Fernandel dans une scène torride d’érotisme sous-entendu: Sage ! Récompense !
De manière générale je suis profondément convaincue que l’amour se mérite. Il serait trop facile et risqué de se reposer sur les avantages que la nature attribue à la femme pour affronter la durée du couple. Toutefois nombreux sont les couples qui fonctionnent sur ce dernier principe sans que cela soit dit. Je trouve cet « esclavage érotique » un peu triste pour le monsieur. Ce n’est pas mon truc du tout. Le fantasme de l’homme faible n’est pas fait pour moi. J’ai besoin d’un compagnon qui sait s’imposer, pas macho, mais mâle.
J’adore me mettre en bas et porte-jarretelles pour sortir avec monsieur. Mais je ne supporte pas qu’on m’impose un coordonné en particulier. Monsieur le sait et en rajoute en bien précisant lequel je dois choisir.
Puis il passe à ma coiffure.
« Pas la peine d’avoir des longs cheveux pour que tu les attaches toujours. C’est le week-end et t’es pas au travail. »
« Je te signale que c’est toi qui me préfères avec les cheveux longs. Si cela tenait à moi ce sera vite résolu. Si je ne les attache pas on me prend du dos pour une gamine qui sort avec son papa. »
Bon, arrive plus ou moins tard ce qui devrait arriver.
Je suis de l’humeur massacrante quand je tends le martinet à monsieur car je me suis encore faite avoir. Je suis toujours perdante à ce petit jeu qui autour du shopping. Sois je m’en prends une sévère avant, soit c’est en posant mes achats à la maison. Je pense que c’est la façon de monsieur de se défouler pour les interminables heures d’attente quand j’inspecte (dixit mon homme) avec soin article par article.
Le rituel est bien rodé. Je n’ai pas changé en presque dix ans mes habitudes de courses. Je ne sais pas combien de fois je me passe ma main discrètement sur la jupe de mon tailleur après une belle séance de discipline domestique quand je ne me sens pas observée. Ce n’est pas un geste voluptueux. J’ai tout simplement très mal et ça dure, dure…
Même encore le soir au resto…
Je n’ai pas été sage, mais ce qui est merveilleux avec la discipline domestique c’est que la sanction efface la faute et balaye les tensions dans un couple de manière naturelle, simple et efficace. J’ai donc droit à ma récompense…
C’est à cela que je pense souvent quand je me frotte mes fesses au travers de la jupe de mon tailleur.
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