Mardi 24 juin 2 24 /06 /Juin 16:44

 

                                              LE SAUNA 1

 

De Toulouse à Perpignan il faut environ deux heures sur l’autoroute. Je n’aime pas le raccourci par ma montagne et préfère un détour monumental pour aller à Banyuls. Je suis heureuse de savoir que Chloé m’attend. Être aimée par une femme comme elle me donne de l’énergie. Je commence à comprendre comment c’est, d’être vivante. Chloé m’a dessiné la porte d’entrée au pays des merveilles. J’ai adoré le film avec Judy Garland bien qu’il date de trente-neuf. Les merveilles ne se démodent jamais.

 

Grâce à mes interminables lectures j’ai appris que le disque « Dark side of the moon » de Pink Floyd soit un hommage à ce film. Il suffit de mettre le disque en route après le troisième rugissement du lion de la Metro Goldwyn Mayer et tout s'accorde. Le fameux rire sur le disque, sujet de tant de discussions, correspond à l’apparition de la sorcière. Je n’ai pas de DVD dans voiture. D’ailleurs ce serait trop dangereux en conduisant, mais j’ai un lecteur cd et j’écoute le disque. La musique ne correspond pas vraiment à une punkette. J’aurais dû prendre « les Clash » ou les « Cure ».

 

Le monde me semble nouveau et je prends enfin connaissance de mes cinq sens pour le découvrir. Devant mes jeux défile l’autoroute, pour s’y perdre dans le lointain. À gauche et à droite des paysages desséchés. J’espère pour les agriculteurs que le non à l’Europe au référendum n’aura pas des conséquences néfastes sur la PAC, surtout en cas de sécheresse comme cet année. Heureusement mon frère m’a expliqué les raison pour voter non. Les Polonais sont vraiment une « race trop dangereuse ». Mes parents sont des immigrés de première génération. Moi et mon frère nous sommes des bons Français, surtout après la coupe du monde de football en quatre-vingt dix-huit. Le sport est un excellant moyen d’intégration.

L’après-midi débute tout juste. Je suis quasiment la seule sur la route. Les vacances n’ont pas encore commencés. Je me souvient plus combien de vacances j’ai passées, enfermée dans ma salle de bibliothèque sans que jamais l’idée m’effleure de faire autre chose qu’attendre des lecteurs ou classer des livres.

 

Mes nouveaux vêtements sont une caresse pour ma peau. Le goût de la liberté retrouvée me rend euphorique. Inhabituée aux bustiers, mes seins me rappellent à chaque instant que je suis une femme. C’est comme s’ils ont poussé tout juste cette nuit Je ne les trouve plus gênants comme avant, je suis fière de ma féminité. Le bustier leur enlève le poids et révèle mon décollette. Mon corps existe, il est beau, jeune et désirable. Au bout de mon chemin c’est la beauté même qui m’attend. Je ne ressens plus de complexes comme avant, parce que c’est moi qui suis désirée. On dit que couper ses cheveux est une castration symbolique qui renvois chez la femme à l’absence du pénis. J’ai joué longtemps au garçon manqué pendant mon enfance et puis j’étais un neutre pendant des années. Par un coup de ciseau j’ai adopté une féminité de mon choix. L’opération est réussie sans séquelles. Mais je suis devenue aussitôt mon propre fétiche et le fétiche – comme tout le monde devrait savoir – est le déni de l’absence du pénis chez la femme. Avec Freud les femmes seront toujours perdantes.

 

Porter un string est loin d’être désagréable. Grâce à l’ingénieuse forme d’un string et grâce à mon kilt bien évasé, je suis assise cul nu dans le fauteuil de ma voiture. Le velours du siège provoque des tendres frictions sur la peau de mon fessier. De ce point de vue je comprends pourquoi Chloé ait opté pour des sièges en cuir. Ça doit être hyper sensuel, l’effet peau sur peau. Dans une petite rêverie érotique j’imagine de conduire toute nue la voiture de Chloé et le vent me fait de l’amour, plus ou moins fort selon la vitesse. Dans ce jeu c’est moi même, qui choisie l’intensité des sensations. Le rêve s’effrite en cendres, une coupure du film. L’image de ma mère apparaît, invinciblement grand, un souvenir dévastateur. Je me sens toute petite.

 

Ma mère a vue ma main sur mon sexe dans la baignoire. Le ton monte, je n’ose pas me défendre, me libérer. Je suis soumise à ma mère. J’accepte le fait d’être corrigée malgré mon age et ensuite de faire le ménage en bonne obéissante. Pour un instant je sens la présence de ma mère dans la voiture, un vrai coîtus interuptus. Elle voit mon look. Elle est trop choquée pour parler, mais je sais enfin me défendre.

 

Vade rétro satanas ! Un petit coup d’accélérateur et elle est emportée par un tourbillon. Elle reste loin derrière moi et disparaît vite dans le rétro viseur.

 

Je n’ai jamais trouvé personne à qui confier mon souvenir. Ce soir je vais en parler à Chloé. Elle ne me jugera pas, me conseillera, me consolera. Elle a réussie à bannir des images douloureuses de son propre passé, elle m’aidera à chasser les miennes. 

 

Le courage est au rendez-vous à nouveau et la bonne humeur aussi. Merci Chloé d’exister.

Les chansons de Brigitte Bardot se glissent dans mes oreilles : nue au soleil, toute nue au soleil. Peut-être cet été pendant les vacances. Qui sait ?

J’entends le bruit apaisant du moteur et « je ne connais plus personne en Harley Davidson ».

 

On ma souvent dit que j’avais une voix sensuelle comme Brigitte, mais ce qui me manque c’est son côté d’emmerdeuse. Elle ne se laisse pas dicter ses chemins par les autres.

 

L’odeur de la mer chasse l’odeur du purin des campagnes, je crois goûter le sel sur mes lèvres. Et voila les cinq sens réunis, heureuse celle qui sait s’en servir en même temps. Cette harmonie là, me manque-t-elle définitivement ou manquais-je de l’harmonie parce que je ne fais pas assez efforts de m’abandonner plus souvent à mes sens ? Toutefois je suis moins souvent de l’humeur à philosopher qu’avant. Je suis assoiffée de nouvelles sensations.

 

Un coup de foudre de chaleur dans le ciel, le tonnerre éclate avec un bon décalage. Un orage se prépare sur Banyuls. Bientôt une pluie épaisse tombe et me coupe la visibilité. Je passe les derniers kilomètres au ralentie et enfin je suis bel et bien arrivée. Heureusement l’immeuble dispose d’un parking couvert pour les visiteurs.

 

La concierge me reconnaît au deuxième coup d’œil et me fait un joli sourire.

 

 -Je vous souhaite un agréable séjour Mademoiselle Bella.

 

Chloé m’ouvre. Elle est compétemment nue mis à part une serviette sur ses cheveux. Elle a dû se faire surprendre par l’orage.

 

Elle marque un temps d’arrêt en me fixant comme une extraterrestre. Impatiente j’attends son verdict. Elle ne dit mot et me passe enfin sa main sur ma tête. Puis elle commence à sourire de ravissement.

 

-Quelle sensation superbe. Ce tellement court que sa picote sous la main.

 

-Je t’ai promis du ultra, Chloé. Es-tu déçue de me retrouver ainsi ?

 

-Au contraire. Tu es tellement troublante avec cette tête et tes nouveaux habits. J’ai du mal à imaginer que tu viennes pour moi. Ce soir on mangera dans un restau sympa sur la promenade si le temps s’arrange. Bien en vue de tout le monde. Il me tarde qu’on me voie avec toi ! Veux-tu ?

 

-Je ne demande pas mieux.

 

-Quand tu m’as parlé de ta future coiffure, j’étais un peu sceptique que tu passerais à l’acte. Tu devances toutes mes espérances. Tu es si excitante. Tu ne regretteras pas d’être venue. Je vais te bichonner comme jamais avant. Geneviève a dû prendre son pied pour te préparer.

 

-J’ai déjà pris rendez-vous avec qu’elle pour l’entretien. C’est assez abordable sur des cheveux courts. On fait merci pour la note. C’est très généreux de ta part.

 

-T’y retournes quand ?

 

-Dans quatre semaines, pour rester si jolie et…pour retrouver la tondeuse.

 

-On dirait que ce soit le coup de foudre entre toi et la tondeuse !

 

-Ça ne te tenterait pas ?

 

-Ce n’est pas mon style !

 

Puis elle change de sujet.

 

-Il fait bon dans mon appartement, dit elle, tu n’auras pas besoin de tes jolis vêtements cet après-midi.

 

-Tu ne voudrais pas me donner des cours de strip-tease Chloé. Je crois que cela me plairait assez de me déshabiller devant un public.

 

-Quand tu voudras Bella.

 

-J’ai compris beaucoup de choses avec toi. Par exemple que le premiers pas vers l’amour de soi consiste à se plaire soi-même physiquement. Grâce à toi je suis sur la bonne voix. Ma vie s’accélère. J’ai l’impression qu’autour de moi tout est en train de s’érotiser. Des gestes quotidiennes que je ne observais même plus deviennent plaisants et parfois même jouissifs. Il y a des multitudes de rêves que j’aimerais réaliser. Pour l’instant ce bouleversement si agréable me laisse dans un désordre total où je n arrive pas encore à me retrouver complètement.

 

-Tu veux toujours classer et ranger Bella. C’est la partie bibliothécaire en toi. Ton travail, jusqu’à maintenant consistait à classer les idées des autres. C’est tellement facile car il n’y a pas de besoin de s’impliquer personnellement. Maintenant il s’agit de toi. Que faire ? Etablir un système de rangement selon quels critères, les tiennes, celles des autres, les miennes peut-être ? Pense à toi d’abord, il s’agit de ta vie. Trop dommage de la rater. Il n’y a pas de critères en matière de désir. Pour l’instant tu te trouves au bord d’un abîme qui partage le monde en deux : tel que tu le vis et tel que tu aimerais le vivre. Qui a raison ? Ceux qui suivent les règles établies ou ceux qui osent autre chose ? Nous vivons une époque de décadence où les repères se perdent vite. Compare ta campagne avec la ville. Ce qui est encore défendu chez toi, est déjà dépassé ailleurs.

Laissons tomber ce sujet infructueux. Pensons à nous et à notre après- midi. Quand il pleut dehors, il faut se créer son propre rayon de soleil.

 

Je me déshabille lentement devant Chloé. Je me rends compte que j’ai une folle envie de montrer à Chloé les transformations de mon corps. Quel changement fulgurant ! Mon baptême de plaisir dans la baignoire d’Aphrodite ne date que de la semaine dernière. Je ne suis plus la même Bella.

 

Je parade en sous-vêtements devant Chloé. Je tourne mon derrière vers elle, me penche bien en avant en cambrant mon dos pour offrir une belle vue ; baisse mon string, puis je me retourne.

 

-Voila, dis-je, j’ai pris soin de ta propriété privée. Je fais tondre le gazon.

 

Chloé est visiblement émue.

 

-Alors Bella, es-tu épilée pour redevenir une jeune fille ?

 

-Pas du tout. J’assume ma sexualité de femme adulte. Merci pour la leçon Chloé.

 

-Tu mérites une récompense de taille Bella. J’aimerais te montrer un petit rituel qui te plaira sûrement. Tu seras la première avec qui j’ai envie de le partager.

 

 

suite

Par isabelle183 - Publié dans : La fille aux cheveux noirs
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