Mardi 29 avril 2 29 /04 /Avr 19:16

 

                       Un choix inattendu

 

« …parait que tu changes de tutrice ? »

 

Lucie fit un bond, puis rougit. Camille n’avait jamais observé une telle émotion chez son amie auparavant.

 

« Bien obligée. La mienne doit quitter le village pour se consacrer à des affaires familiales. Alors je suis orpheline en quelque sorte. »

 

« Et tu as déjà fait ton choix ? »

 

Camille s’efforce de cacher son impatience. Ses sentiments envers Lucie sont troubles depuis quelque temps. Il lui arrive d’imaginer un tas choses dont elle n’est pas fière.

L’occasion est trop belle. Elle espère secrètement que le choix de son amie se porte vers elle. Quelle opte pour Marie-Ange, sa propre tutrice. Ce serait trop chou de partager le quotidien avec Lucie, de l’avoir à proximité en permanence.

 

Douche froide :

 

« Je m’installerai chez Nadège. Je dois me présenter cet après-midi avec mes bagages. »

 

Camille crut à une plaisanterie de mauvais goût. Lucie aime provoquer et déconner. C’est sa deuxième nature.

 

« Celle-là est bien bonne. Je ne marche pas. Arrête tes bêtises… »

 

« Je suis parfaitement sérieuse ! »

 

Camille marque un temps d’hésitation. Elle sait que Lucie est difficilement cernable. Cela fait partie de son charme et la rend encore plus attachante aux yeux de Camille.

Lucie est aussi une grande geule. Rien ne lui fait peur, rien ne l’impressionne. Elle est toujours partante pour un défi.

Camille est déçu. Puis elle vient de réaliser la porté de ce choix inattendu.

 

« Nadège ? L’anglaise tu veux dire ? Tu es tombée sur ta tête ? »

 

Elle frissonna. Rien que le nom de cette femme la remplissait d’appréhension. La réputation de Nadège n’était plus à faire au village. Comme son surnom indiquait ses méthodes fournissaient de quoi à papoter dans les chaumières. Autant plus que Nadège restait toujours très discrète sur ses astuces éducatives. Elle avait incontestablement la main heureuse pour former des élèves modèles.

Une femme qui aimait cacher son jeu. Sur ce point elle ressemblait beaucoup à Lucie.

D’ailleurs comme tout le monde Camille aurait donnée bien cher de savoir ce qui se passait derrière les portes de cette femme exigeante dont la sévérité ne faisait aucun doute.

 

On ne connaissait que quelques détails de son vaste programme, les plus visibles.

Ses élèves se firent régulièrement remarquer après la gym sous la douche au grand bonheur du jeune public féminin en quête de sensations fortes.

 

La signature de Nadège était inimitable. Un fessier qui passa entre ses mains ne ressemblait à aucun autre. Vivre chez elle impliqua un début de semaine avec des stries remarquables qui laissèrent soupçonner un week-end consacré à l’étude intensive de bonnes manières.

 

Il n’existait aucun dû chez elle. Le moindre privilège se méritait durement. Les tenues de rigueur qu’elle imposa à ses élèves furent éloquentes. Voir ridicules selon les mauvaises langues. Vivre chez elle inclut un rude combat pour obtenir l’autorisation de se promener en jean moulant comme les copines. A moins d’en cacher un chez une amie de confiance pour ne pas se faire remarquer à ses rares permissions de sortir.

 

Vivre chez Nadège c’est se compliquer inutilement la vie. C’est le risque aussi de se choper une déculottée devant témoins quand on conteste son autorité publiquement. Avec elle il vaut mieux se taire.

 

Et pourtant… A la connaissance de Camille aucune des anciennes élèves ne s’était jamais plainte. Quelques mois suffisent pour installer une telle complicité entre cette femmes et sa protégé que cette dernière devient sa plus fervente admiratrice. Prête à défendre Nadège devant n’importe qui, dans n’importe qu’elle condition.

 

« Tu as bien réfléchie Lucie ? »

 

Lucie ferma ses jeux pour se remémorer une millième fois un étrange incident dont elle eu été témoin l’année dernière. Elle n’avait jamais osé parler à personne, même pas à Camille. Bien qu’elle ne fût que spectatrice, elle ressentait toujours un trouble profond qui ne l’avait plus quittée depuis ce jour-là. Le souvenir la dérangeait, la hantait. Elle eut à mainte reprise essayée de faire comme si cet événement ne s’était jamais produit. Mais ses efforts restèrent vains. Quelque chose avait changé en elle, vivait en elle et lui dictait une loi incontrôlable qui ne venait pas de la raison, mais de la profondeur de sa nature.

Souvent Lucie avait impression qu’elle eût perdu l’emprise sur sa vie à cet instant précis et maudissait le hasard qui l’avait amènée sur un chemin qui l’effrayait.

Comme si son insouciance s’était évaporée pour laisser place à un désir qu’elle n’arrivait pas encore à décrire, mais qui s’imposait avait une force dont Lucie se sentait impuissante d’y résister.

 

« Coucou, tu es avec moi, Lucie ? »

 

« Oui. Toute compte fait j’ai trop envie de me mesurer à Nadège. Ce n’est pas un être surhumain, mais une femmes comme une autre. A moi elle ne fait pas peur. On verra bien qui est la plus forte. Je suis décidée de lui mener la vie dure. Elle  a besoin d’une leçon et ce sera moi qui lui la donnerai. » 

 

La voix de Lucie souligna sa détermination. Un accès d’admiration pour son amie traversa l’esprit de Camille. Pour un instant elle crut tout possible tellement la volonté de son amie l’impressionna.

 

Ensuit un instant de silence. Lucie s’égara à nouveau dans ses souvenirs.

 

Sa tutrice l’avait envoyé au supermarché pour faire les courses. Lucie - magnanime - accepta sans faire son cinéma habituel. C’était un privilège rare, une marque de plus grande confiance. Lucie se sentit presque promut au rang d’une tutrice. Toutes les filles se languissaient en cachette d’un tel privilège.

 

Lucie n’était pas ce que l’on appellerait une élève exemplaire. Elle n’en faisait qu’à sa tête. Selon les opinions au village ce fût elle qui dictait les règles à la maison et non sa tutrice.

 

Ce caractère affirmé valut à Lucie la place d’une star incontestable parmi ses copines, puis des avis très mitigés parmi les tutrices. Ces dernières avaient chacune leur méthode bien à elle. Certaines appliquaient des règles souples, comme ce fut le cas de celle de Lucie, sans doute la plus permissive du village.

 

La plupart des autres appliquaient des régimes bien stricts en faisant l’honneur au traditionalisme. Il suffisait de se rendre au rayon « instruments de discipline » du supermarché pour s’apercevoir quel esprit régnait dans les maisons. On en trouvait une large gamme de martinets pour les adeptes du classicisme, cannes pour les filles particulièrement récalcitrantes, ainsi que de cravaches qui selon quelques tutrices anoblissaient significativement le comportement de leurs protégés.

 

Quant au fameux rayon pour éducation spécialisée, aucune fille qui eut le douteux privilège de l’avoir approchée sous le regard vigilant de sa gouvernante ne se vantait publiquement. Lucie aurait aimée d’y jeter un coup d’œil. Mais pour y accéder il fallut l’accompagnement d’une éducatrice.

Les rumeurs sur les marchandises proposées allèrent de bon train parmi les filles et les spéculations se firent en chuchotant, parsemés de timides ricanements.

 

Lucie aussi, à des rares occasions, recevait la fessée. Au village cela faisait partie de la vie et personne ne mettait cette pratique en doute, même pas Lucie. Dans son cas il s’agissait toujours de quelques claques au travers de son jean, appliquées sans énergie et véritable conviction. Cela relevait plus de la bonne plaisanterie dont elle se vantait fièrement devant ses copines pour se donner des airs d’une authentique rebelle endurcie.

Et aussi pour se distinguer ouvertement des nombreuses filles qui après les entraînements de sport furent obligées de dévoiler sous la douche des derrières bénéficiaires de traitements plus intenses.

 

Bien que toutes les filles au village se situèrent dans une tranche d’âge d’adultes, le temps sembla se dérouler selon un mode spécifique qui prolongea l’adolescence au delà les limites habituelles.

 

On considérait comme « grandes » celles qui n’étaient plus soumises à la fessée cul nu et elles n’étaient pas nombreuses. Lucie, Camille et leurs copines les plus proches en faisaient partie. Elles se délectaient de rester entre « grandes » et n’épargnaient jamais les « petites » par leurs moqueries. Surtout quand la « petite » fut plus âgée qu’elles, ce qui arrivait souvent pour le plus grand plaisir de la bande à Lucie.

 

En remplissant son chariot Lucie assista à d’une dispute à haute voix qui venait de la direction du rayon fromage et qui attira tout de suite sa curiosité. En suivant son nez (Lucie avait horreur des odeurs de fromages) elle s’approcha doucement et –abritée pas une large étagère- s’installa confortablement pour ne surtout pas rater le spectacle qui promettait une belle suite.

Une « petite » (pourtant l’aînée de Lucie de trois ans) avait visiblement manqué de respect à la vendeuse comme le fit remarquer sa tutrice – Nadège - au grand bonheur de Lucie.

 

Lucie se méfiait particulièrement de cette femme et remerciait le ciel de ne pas vivre sous son toit. Elle avait entendu dire que Nadège punissait parfois les fautes sur le champ, peu importe s’il y avait du public ou non.

Nadège était une vraie célébrité au village. Ses protégées n’avaient pas la vie facile avec elle et on murmurait que la fessée cul nu était encore la plus douce de ses méthodes.

Nadège, une très belle femme, occupait une place importante au sein de la communauté et son avis était apprécié et recherché. Elle présidait le conseil des éducatrices depuis des années et semblait –là aussi- faite pour imposer facilement ses points de vue.

 

Une fois Lucie poussa l’indiscrétion à poser des questions à une élève de Nadège.

La fille resta vague mais une rougeur accablante et une voix hésitante trahissaient ses émotions :

 

« …oui, ça fait terriblement mal, mais tu ne peux pas comprendre…l’éducation que je reçois chez Nadège porte vite ses fruits…je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau que depuis elle s’occupe de moi … malgré les stries sur mes fesses… »

 

Nadège gardait toujours la voix calme. Elle avait une manière plaisante de s’exprimer et elle impressionnait surtout par un savoir apparemment sans lacunes.

Il ne serait pas exagéré de dire que Lucie appréciait en secret cette femme pour sa détermination, son aisance dans les assemblés du village et pour ses manières irréprochables. Mais elle la détestait aussi pour ses principes et méthodes qui lui paraissaient venue d’un autre âge et inconciliables avec la vie moderne.

 

Sur un petit signe de Nadège, presque imperceptible, son élève se pencha en avant sans le moindre signe de protestation et attrapa ses chevilles avec ses mains. Nadège lui fit écarter les jambes avant de remonter lentement sa jupe et baisser sa culotte devant une vendeuse complice qui ne cachait pas sa satisfaction.

 

Lucie dans sa planque retenait son souffle à la vue de ce beau fessier rondelet qui émergeait à la lumière du jour.

La position lui parut indigne pour toute femme car elle dévoilait les moindres recoins de l’intimité et elle se sentit soudainement mal à l’aise comme si elle tenait place de l’infortunée.  

 

Puis Nadège sortit un martinet de son sac à main ; sens d’organisation qui intimida Lucie encore plus.

Malheureusement de plus en plus de clientes arrivèrent, coupant net la vue à Lucie que la correction qui ensuit, resta à jamais un secret pour elle.

Mais s’ancrèrent dans sa mémoire la mélodieuse sonorité des claques, les cris de la punie, les rires voluptueuses des spectatrices, leurs remarques malicieuses ou désobligeantes… ainsi que l’odeur du fromage.

 

Camille rappela Lucie à la réalité.

 

« Tu t’y crois donc capable de tenir tête à Nadège ? »

 

« Comme personne avant moi. »

 

« Et si elle t’imposait la fessée cul nu en te reléguant au rang d’une petite ? Tu ferais moins la fière je crois. 

Et… tu t’imagines à te promener avec nous en petite jupe et chemisier bien sage. Je te donne un conseil entre amies : Confis moi tes fringues de sortie. Au cas où. »

  suite chapitre 2

 

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Par isabelle183 - Publié dans : Les mémoires de Lucie
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