Discipline Domestique Romantique
Ceint de son écharpe tricolore, le maire va dire:
"M. Jean Letupe, voulez-vous épouser madame Georgia Durand?"
Je vais répondre oui, bien sûr. Un mariage. Un acte banal, même s'il ne l'est jamais pour ceux qui y passent. Ce qui l'est
moins, c'est la façon dont nous nous sommes rencontrés. Elle mérite d'être contée. Une rencontre improbable, pourtant une rencontre de la vraie vie, rien de virtuel comme avec Meeting. C'était un
jour où j'envisageais de m'inscrire au centre équestre de T. et je m'y étais rendu. On me dit d'attendre, car le moniteur donnait un cours. Pour tuer le temps, j'assistais à la reprise. C'est
alors que je la vis, pour la première fois.
Ses fesses épousaient la selle. Son bassin accompagnait parfaitement le galop. Elle semblait n'en faire qu'un avec le cheval. Je
pratique moi aussi l'équitation, et je ne m'y trompais pas. Cette fusion des deux corps, la femme et la bête, dénote une grande cavalière. Qui plus est Georgia Durand était une blonde aux formes
un peu épanouies, comme je les aime. A 35 ans, on la sentait en pleine maîtrise d'elle-même et de son art, forte de ses années d'expérience. Bien dans sa peau, droite dans ses bottes. Cavalière,
fière et altière. Elle faisait des tours de manège et, alors que je contemplais la scène, Georgia, avec la cravache qu'elle tenait dans sa main droite, imprima un coup sur le postérieur de
l'animal. Stimulée, la jument bondit en avant.
C'était un coup unique, fort et sec. Il provoqua en moi une émotion incroyable, qui m'envahit et me submergea. Instantanément,
le rythme de mon coeur bondit lui aussi. J'eus le désir, un désir fou, d'une force que me stupéfia et m'inquiéta moi-même, de cravacher cette femme, comme elle cravachait sa monture. Je
voulais Georgia à ma main, imprimer sur ses fesses nues des coups forts et secs, voir son fessier se strier de rouge, sa bouche grimacer et une larme perler de son oeil, sous la souffrance. Cette
envie de la fesser était si pressante que c'en était presque douloureux.
Je respirai fortement, pour me calmer. Je voulais rester maître de moi-même. La reprise s'acheva. Georgia mis pied à terre et
gagna l'écurie, suivie de sa jument, à qui elle passa un licol pour l'attacher devant le box. Elle dessellait et brossait le poil un peu transpirant, quand je l'abordais. Nous nous ne
connaissions pas, c'était d'autant plus délicat. Il y avait toutes les chances qu'elle m'envoie paître.
- Bonjour, lui dis-je
- Bonjour, dit-elle.
-J'ai admiré votre façon de monter.
-Merci, dit-elle.
-Je dois vous parler, dis-je.
-Ah bon? dit elle, avant de tourner ses yeux bleu vert vers moi.
Surprise et attentive, elle s'immobilisa, brosse en main et fixa son regard sur moi, attendant la suite.
-Vous allez me prendre pour un fou et peut-être je le suis, dis-je. Voilà, c'est simple et compliqué à la fois, simple à faire et compliqué à dire. Je ne sais si vous connaissez et goûtez la fessée. Je souhaite vous cravacher. Je vous ai vue manier si bien la cravache sur votre cheval. J'ai voulu, je veux, la manier sur vous, sur vos fesses nues, en tout cas, vous le proposer. J'en ai eu soudain le désir très violent, violent comme ces coups que je souhaite vous donner, mais ça va au-delà de ça, au delà du désir. C'est une certitude, une évidence. La certitude que je dois vous fesser et que vous devez l'être. Que, je ne sais pourquoi, vous avez besoin de cette fessée. D'être cravachée.
Elle se tut et resta silencieuse au moins une minute, toujours immobile comme une statue. Je sus alors que j'avais
gagné; au moins, elle ne m'avait pas envoyé sa brosse à la figure, avec un haussement d'épaule ou une insulte bien sentie. Elle prenait en considération ma demande, elle me prenait au sérieux.
Mon pouls s'emballa à nouveau.
- Bien, dit-elle. Certainement, les choses doivent se passer comme vous le dites. Je n'ai jamais entendu parler de fessée. Mais j'adore l'équitation et j'adore la cravache. C'est pour moi un instrument magique. Souple et sévère. J'aime l'entendre claquer sur la peau du cheval. Je me suis toujours interrogée sur ce que ça ferait de la recevoir. Votre décision de me l'infliger entre sûrement en résonance avec quelque chose de profond en moi, quelque désir enfoui. Vous êtes un homme, je suis une femme. Vous m'avez vue et peut-être avez-vous compris que j'ai besoin de cette fessée, d'être fessée, maîtrisée, domptée. Cravachée comme vous dites. Mais laissez-moi m'occuper d'abord de ma jument, c'est elle qui prime. Je crois aussi que je devrais d'abord en passer par une douche. J'ai transpiré. C'est plus correct, aussi, vis-à-vis de vous.
- Quand vous vous rhabillerez, dis-je, je souhaite que vous restiez en cavalière.
Pendant qu'elle s'affairait, je n'en revenais pas de ma bonne fortune, j'avais l'impression d'avoir gagné le gros lot du Loto. Je brûlais d'impatience, ma main me démangeait, j'avais hâte d'y
sentir la cravache. Je faisais des mouvements du bras droit, comme pour l'essayer. Et en même temps, je n'avais pas envie que le temps passe. Je me dis que si je ne lui avais pas parlé de
cravache, jamais elle n'aurait accepté. J'avais touché sa corde sensible. Et je me questionnais: pourquoi cette envie des hommes, de fesser les femmes? Question sans réponse.
Après un moment qui me parut interminable, Georgia ressortit enfin des vestiaires. Ses cheveux blonds mi-longs encore humides collaient à sa tête. Elle les peignait avec ses doigts, un geste très
féminin qui m'émut aux larmes, que je mis en relation avec la promesse que dans quelques instants, elle aurait les fesses nues et que j'allais la cravacher, les cravacher. Répondant à mon
souhait, elle avait remis sa culotte de cheval beige, et ses bottes noires. Elle me fit un sourire, mais il était crispé, presque une grimace déjà. Je compris qu'elle était dans l'appréhension,
qu'elle se préparait mentalement, qu'elle se concentrait avant l'épreuve. Je lui en fus aussitôt reconnaissant. En même temps, c'était intimidant, elle me mettait la pression. Je ne devais pas la
décevoir.
- Suivez-moi, dit-elle.
Elle se rendit au râtelier et décrocha la cravache, dans un mouvement faussement négligent, comme si de rien n'était. Elle traversa le centre équestre, désert à cette heure, il était près de 20 heures, et je lui emboîtais le pas. Elle nous conduisit au hangar à foin et referma la porte derrière nous. Les énormes bottes rondes étaient empilées de tous côtés. On eu dit une cathédrale de fourrage. Elle alluma les néons, déclenchant une lumière crue.
-Nous serons bien, ici. Nul ne peut nous entendre. Vous pourrez me cravacher à loisir, dit-elle. Comment dois-je me placer?
-Comme une jument, répondis-je. Mais d'abord je veux être franc avec vous. Je vais vous faire mal. Mal aux fesses. Mais si vous voulez, on peut renoncer.
Elle haussa les épaules.
-Je m'en doute. La cravache ne caresse pas. Ne me vexez pas, je vous prie. Sachez que j'assume toujours et que je ne reviens jamais sur ce que j'ai dis.
Je posais à plat, côté à côte, quatre balles de paille carrées, pour en faire une sorte d'estrade.
-Allez vous me marquer? s'enquerra-t-elle?
-C'est important, pour vous?
-J'ai un mari. Mais tant pis. Faites ce que vous devez faire. Je me débrouillerai pour trouver un prétexte, ne pas
trop me montrer.
Je sus plus tard que son couple battait de l'aile.
Je considérais son pantalon de cheval; très serré, il faisait à Georgia comme une seconde peau.