Discipline Domestique Romantique
Quelques mots et maux doux, avec un remerciement à la charmante qui a désiré lire en avant-première. Elle m'a donné un conseil, elle a exprimé un souhait. J'ai tenu compte des deux.
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Elise s'avance dans l'eau du torrent. Elle s'arrête un instant, surprise de son reflet dans une vasque naturelle. L'image qui est renvoyée d'elle la trouble. Toujours aussi fière de ses cheveux, elle laisse son regard ondoyer sur la silhouette que les cheveux couronnent. Ses jambes paraissent exagérément élancées, mais le résultat est flatteur. Puis elle quitte des yeux la zone d'eau calme, et regarde ses jambes.
Décidément, Paul a du goût, pense t-elle dans un élan d'orgueil et de défi.
Elle glisse un doigt le long de la cuisse, s'attardant au fur et à mesure que la main remonte. La fraîcheur de la peau est accentuée par de fines gouttelettes d'une bruine naissante. Puis les franges laissées par son short trop rapidement coupé dans des jeans moulant sont à leur tour effleurées. Elise sourit, sure de l'effet produit si Paul la voyait faire. Elle ne regrette plus d'avoir massacré ces jeans qu'elle avait pourtant l'habitude de porter depuis son entrée à l'université.
L'irruption de Paul dans ses pensées l'oblige à lever les yeux. Des yeux verts gourmands de montagnes patiemment escaladées, gourmands de forêts de pins rapidement dévalées, des yeux verts un peu comme le short qu'elle porte. Le petit sentier dans lequel elle s'est engagée devrait la rapprocher de son but.
Le but ... ou la cible?
Elise prit conscience que ces deux mots avaient en l'occurrence pour elle une signification différente. Elle avait un but, qui était de le rejoindre. Mais la cible ... un frisson la parcourt, à l'instant où elle se rappelle la promesse faite à cet homme exigeant et astucieux. La cible, c'est elle.
D'un mouvement, elle remet en ordre son sac sur le dos. Elle remonte mécaniquement son short, laissant le vent caresser ses jambes entièrement libérées. Elle sait l'humidité coupable de ce qui l'attend en fin de course. Mais elle veut croire que l'humidité lui évitera un épisode en plein air. Il y a des choses qui exigent un certain confort, se dit-elle.
Elle doit pourtant reconnaître que Paul aime aussi jouer avec la nature.
A la terrasse d'un café, hier encore dans le village, ils s'étaient livrés à leur jeu favori. Le féminisme qu'elle se plait à afficher en compagnie est un thème sur lequel Paul aime bien l'entraîner, surtout quand ils ne sont pas seuls. Le prétexte pourrait sembler ridicule, le temps qu'il ferait les
deux jours suivants pour l'excursion prévue.
-Il fera beau, c'est sûr. On pourra faire nos 700 mètres de dénivelé sans trop se charger.
Elise ne put s'empêcher d'être systématiquement affirmative sur le sujet. Et puis, elle avait envie qu'il fasse beau. Elle adore marcher en tenue légère.
Elle ajouta:
-La météo, c'est une intuition, c'est féminin!
-Le temps est changeant, c'est classique en cette saison, et tu devrais le savoir, toi, une habituée de la montagne.
Paul aurait préféré lui aussi que le beau temps qu'il faisait puisse durer.
Il devait atteindre le refuge dès le soir et attendre Elise en compagnie de leur couple d'amis et leurs hôtes, et prévoir des vêtements plus chauds pour le reste de l'excursion ne l'enchantait pas. Il est étonné que les petits signes annonciateurs du changement de temps n'atteignent pas sa jeune amie. Aller jusqu'au refuge n'est pas le problème, mais la véritable excursion commence après.
Elise remarqua que Paul avait les yeux rivés sur ses jambes qu'elle ne cessait de croiser et décroiser, bien peu gênées dans leur mouvement par le short qu'elle aimait porter pour lui.
Une fois les yeux de Paul dans les siens, Elise sut qu'un pari l'attendait.
- Alors, comme ça, toujours aussi sure de toi ? Très bien, nos amis sont témoins, je fais comme toi, je voyage léger, mais si le temps change, tu le sentiras. Et tu sais comment.
C'était ajouté avec une pointe d'ironie et de désir à peine contenu qui ne laissaient pas le bénéfice du doute au beau temps. Elise n'eut pas le temps de réagir, c'est Isabelle qui s'en chargea.
- Et on peut savoir comment ?
- Je pense que tu le sais très bien, Isabelle, Mathias m'a glissé un mot de vos jeux favoris!
Paul se montra très sûr de lui, à la surprise d'Elise.
(Avec l’aimable autorisation de l’auteur)