Discipline Domestique Romantique

Puis, Monsieur sort de sa poche un bandeau en velours noir.

Ma peau se couvre de chair de poule. Je n’ai jamais joué à ce jeu.

 

Le velours est une douce sensation sur la peau. Le monde autour de moi s’efface et je plonge dans une noirceur totale.

En temps normal j’aime beaucoup la noirceur pour me reposer. L’absence de toute lumière me berce et m’aide à m’évader dans des mondes imaginaires. Je me sens bien protégée.

 

La caresse du velours est contrecarrée par le silence de l’attente. Le plateau de dégustation que je venais de voir s’est imprégné dans ma mémoire, m’a impressionnée. J’essaye d’imaginer la multitude de sensations diverses. Il est facile de se préparer mentalement à la fessée quand le choix de l’instrument est connu. Le trop par contre ne s’apprivoise pas. Il multiplie l’appréhension, lui donne de visages différents. Il me met devant l’incertitude d’une situation qui échappe totalement à mon contrôle. Je ne suis pas actrice dans ce jeu.  Uniquement cible d’une action que je ne puis prévoir.

 

Le bandeau change mon approche au monde, m’éloigne de la vie sociale et me permet de n’exister que pour cette fessée en attente.

Un premier coup tombe. Je suis surprise par la douceur. Le bruit de l’impacte est étrange. La sensation de cuir contre cuir m’est familiere. Mais quelque chose me semble différent. Je ne suis pas capable de le définir.

Puis une nouvelle longue attente. Le plaisir imposé exerce une fascination insolite sur moi. Il me permet un laisser aller en brisant mes inhibitions. Le désir de me mettre sous les ordres de mon compagnon me hante.

Chercher une autre forme de liberté en abdiquant la liberté conventionnelle.

Un sifflement. Bois contre cuir de mes fesses. Vibrante brûlure d’une badine souple. Un gémissement dû à la surprise. La douleur est à nouveau légère. Elle s’estompe vite. L’arrière goût est indéfinissable. Je suis déroutée. Je n’arrive pas à saisir les intentions de Monsieur.

L’effet du bandeau me fascine. Vivre c’est aussi évoluer sous les regards des autres. S’y retrouver, être approuvé, lire les émotions qu’on évoque. Parfois c’est lourd à supporter. Le besoin de vérifier mon impact dans le regard des autres m’obsède. Etant plus jeune j’ai multiplié mes expériences dans ce sens, vérifier et revérifier comment mes désirs charnels étaient perçus.

Chercher en permanence une justification de soi-même. Au point de perdre de vue ma propre jouissance.

Les intervalles entre les coups ne sont pas réguliers. L’intensité non plus. L’instrument change à chaque impacte.

 

L’idée de fessée artistique qui crée un tableau par des marques différentes sur mon postérieur me trouble.

La peur de la souffrance s’est envolée. Elle a laisse place à la confiance entre deux personnes.

La société nous contraint à une double vie. Une qui est officielle, nos interventions sur ce monde, l’autre qui tient compte du désir de notre corps.

Le plaisir et la jouissance doivent se pratiquer en cachette. Depuis l’enfance nous apprenons que notre entourage est une menace de la jouissance en créant des interdits.

Encore quelques impactes. Nous n’avons pas l’habitude de déterminer un nombre de coups. Nous concevons la fessée comme un acte qui nous procure mutuellement du plaisir. Les chiffres n’ont pas de place dans notre univers.

Nous marchons au feeling, à l’excitation procurée. Chacun doit trouver son compte. Fesser pour échanger un trouble commun.

Le bandeau me révèle ses secrets. Retour en enfance en étant adulte. Plaisir d’être « pas sage » en cachette, marquer sa différence par une pratique peu commune. Peur de la découverte, envie de la découverte, être vue, être grondée, être punie. Punie pour aimer d’être punie. Fantasmes érotiques tournant autour de la punition.

Mon derrière brûle de plus en plus. Il ne s’agit pas de douleur, mais d’une agréable sensation tant recherchée.
Mon corps trahit son excitation par ses mouvements. S’exprimer par son corps, langage le plus vieux, langage archaïque. Vision troublante pour mon fesseur. Vision stimulante pour son excitation. But et raison de me fesser.

Mystère de jouissance qui se vit et ne s’explique pas. Qui est en nous et qui demande de passer à l’acte.

Le bandeau me parle de mes irrationalités et de mes envies. Besoin d’émotions de plus en plus intenses.
La peur de la sanction qui se transforme en désir de sanction. La punition à sa base est conçue pour mettre fin à un plaisir interdit. Empêcher pour ne pas recommencer. L’efficacité de la méthode est douteuse.
La punition est devenue mon plaisir. La jouissance s’est déplacée. La transgression a perdu sa saveur. Elle continue à exister comme élément d’un jeu.

La fessée n’a pas besoin de prétexte. Elle trouble par le simple fait qu’elle existe.

Ven 20 fév 2009 1 commentaire
Vous avez bien raison, la fessée n’a pas besoin de prétexte, ils sont juste un justificatif de pure convention au nom du plaisir. En confidences, pour la St Valentin, après m'avoir offert un TRES BEAU cadeau, Madame TSM a reçu un grosse fessée en guise de merci, mais seuls les adeptes peuvent comprendre cette logique.
TSM - le 21/02/2009 à 14h10
Je vois que nous partageons les mêmes traditions pour la Saint Valentin! Pourquoi la fessée ne sertait-elle pas un cadeau après tout....
isabelle183