Discipline Domestique Romantique
Suite de mon récit : Discipline domestique
Voici un de mes premiers textes sur le net, inédit sur mes blogs.
D’ailleurs vous trouveriez mes textes les plus anciennes ici.
Discipline domestique 2
Le bruit d’un martinet lancé ressemble beaucoup au souffle du vent à la montagne, avec plus d’intensité et d’accélération Les lanières, surtout quand elles sont douces et légères, sont freinées par l’air et perdent facilement de l’efficacité si le coup n’est pas porté assez fort. Dire que ce soit un instrument ludique et simple à manier serait de le sous-estimer. Il peut se révéler néfaste dans la main d’un débutant.
Je suis une femme qui aime la fessée. Cette dernière - comme son nom semble indiquer- devrait s’appliquer sur mes fesses et sur mes fesses uniquement. Je refuse tout autre endroit de mon corps. Je n’appartiens pas à la communauté des flagellants hétéroclites. Je suis alors exigeante en ce qui concerne les compétences de mon homme. Il a intérêt de bien cibler mon derrière et de s’abstenir de tout mouvement qui pourrait porter atteinte à mes hanches, le haut de mes cuisses ou à mon bas du dos.
Avec Monsieur je me sens en confiance. Il sait où taper et comment doser l’intensité. Entre ses mains même un gadget gagne des gallons de noblesse.
Pour commencer Monsieur impose une cadence lente, mais régulière, en entrant au vif du sujet par des coups assez forts qui m’auraient laissé facilement des marques à mes débuts. J’ai une peau fine, extrêmement fragile. La fessée, comme tout sport à grande sensation, demande un entraînement régulier pour arriver à des résultats satisfaisants. Au fil du temps la peau s’adapte bien et récupère de plus en plus vite, même après des séances de cravache ou de cane anglaise. Evidement tout dépend du fesseur et de son intention de marquer sa cible.
Les minutes passent, mes fesses deviennent douloureuses. La douleur est une sensation difficile à cerner. Elle craint l’absolu et essaye de se repérer relativement en comparaison avec un autre vécu. La résistance à la douleur est différent pour chaque être humain. La forme de la douleur me paraît important aussi. Je préfère subir la canne anglaise – et Dieu sait que je n’aime pas cela – au lieu de souffrir d’un mal de dent ou de tête.
En ce qui concerne les fameuses endomorphines je pense (en me basant sur mes propres expériences et des discussions avec d’autres adeptes des sensations) qu’elles ne sont pas à la porté du première venu. Les dieux ont mit de la sueur avant la récompense. Tout ceux qui font du sport le savent. Il faut courir à un bon rythme et pendant longtemps pour les déchaîner. Le risque de s’essouffler avant est grand. En bref ce n’est pas une simple fessée qui déclanche ce genre phénomènes et le sujet est trop complexe pour le traiter en quelques lignes.
Mes fesses brûlent, elles sont en feu. La musicalité sonore des coups donne un rythme particulier à cette belle matinée d’hiver. J’aime cette ambiance intimiste avec son climat et son atmosphère si envoûtant.
Je reste stoïque, je suis une femme fière.
Monsieur et moi, nous sommes en train de réaliser du déraisonnable autrement que par la folie. Nous rajoutons en quelque sorte de l’épaisseur à notre vécu.
Je profite de l’instant où tout n’est que présent, quitte à endurer la douleur car je sais que la quintessence de ce vécu ne disparaîtra jamais de ma mémoire. Nous mettons en scène notre concept de l’amour et du couple en sublimant la sexualité.
Dans un monde trop imbibé par une culture parfois lourde et pesante nous célébrons un retour à un archaïsme qui date bien avant l’époque judéo-chrétienne. Mais Nietzsche a dit : là où la lucidité règne, l’échelle des valeurs devient inutile.
Monsieur me fesse avec art et l’art est toujours le triomphe du charnel, l’intemporalité qui élève des êtres humains au delà de leur quotidien pour les approcher des camps élyséens et de l’éternité.
Il m’arrive de temps en temps au cours d’une fessée punitive à fondre en larmes. Pour ma part ce n’est pas parce que Monsieur a réussi à briser ma résistance. D’ailleurs je ne resterais pas un jour avec un homme qui chérit le fantasme de me briser comme femme par sa dictature masculine. J’ai horreur des hommes qui ne savent pas créer une complicité érotique et qui se servent de la fessée comme un moyen de se venger sur l’espèce féminine, pour les échecs qu’ils ont subis dans le quotidien avec les femmes.
J’aime me soumettre, mais uniquement par ma propre décision. Dans ce sens c’est moi qui dicte les règles du jeu.
Non, fondre en larmes pour moi, c’est autre chose. Un abandon total à mon partenaire, un signe suprême de confiance, de reconnaissance. Une cérémonie qui met en scène la beauté d’une pulsion primitive.
Les muscles de mes jambes, vu l’inconfort de ma position, commencent à trembler.
Monsieur augmente la cadence, la finale s’annonce.
Dans le lointain nous entendons la sonnerie d’un clocher. La messe du dimanche est finie.