Discipline Domestique Romantique
Pendules à l’heure
Dessin : JPC/Escobar
La curiosité est un étrange trait de caractère. Souvent elle permet de
mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et d’agrandir nous connaissances pour mieux nous situer envers les autres.
L’éducation de Lucie intriguait énormément ses amies qui ne se lassaient pas de remémorer les scènes dont elles furent témoins. Aucune d’elle ne mettait en doute le bien-fondé des corrections et la phrase :
« Après tout, elle l’avait méritée », ressortait très souvent. Elles auraient réagi pareils à la place de Nadège et enviaient secrètement sa position.
« Pourquoi ce engouement ? », se demandait chacune en cachette.
D’abord parce que Lucie était une très jolie fille et ses amies se sentaient souvent un peu diminuées en sa présence. Sans le vouloir elle leur jetait de l’ombre.
Personne ne faisait allusion, car elle ne pouvait rien pour ses charmes naturels, mais la rancune rongeait en profondeur et cherchait des chemins collatéraux pour se libérer. Nadège apaisait en quelque sorte les tensions sous-entendues en établissant une justice terrestre qui fit tomber la star dans des conditions peu enviables : la culotte baisse, allongée sur les genoux de sa tutrice en dégustant un plat délicieusement chaud.
Le franc parler de Lucie devant tout le monde et son absence de peur devant l’autorité, les avait impressionnées. Incapable d’en faire autant ses amies durent se résigner pendant longtemps à une admiration sans limite devant un tel culot qui les confronta douloureusement à leurs propres faiblesses. Il est évident qu’un tel exemple mine le moral de chaque jeune fille qui a devant ses yeux ce qu’elle aimerait être sans oser de l’être. Dans ce cas se nourrit le souhait de voir la chute de l’effrontée ce qui explique aisément le rapportage devant Nadège.
A chaque épisode de l’éducation de Lucie le monde des ses amies s’embellissait et de surprendre superwoman soumise à une discipline aussi rigoureuse que la parade dans la rue se vécut comme une jouissance suprême.
Il est bien connu qu’on ne se contente jamais avec ce qu’on nous propose et se voir calife à la place du calife, devenir pour un instant Nadège, constitua le summum de l’imagination.
Puis une autre rêve hantait également la fantaisie : se sentir toute petite devant une Nadège surdimensionnée qui fit trembler par son image et procura des frissons de volupté en prononçant simplement son nom.
Mais ce qui surprit le plus fut le consentement de Lucie dans cette inaccoutumée affaire. Elle sembla même bien heureuse avec sa tutrice et s’épanouissait de plus en plus.
Elle se constituait en fervent défenseur des méthodes anciennes par son exemple et donnait envie à ses amies d’une prise en main aussi ferme que la sienne.
Le temps de la conspiration contre les éducatrices avait révolu et la mode tendait vers la réhabilitation du martinet au grand jour. La superette du village vit de heures de gloire et chaque fille se flattait d’exposer fièrement dans sa chambre un martinet nouvelle génération.
Pour satisfaire leur curiosité les jeunes filles ne sont pas particulièrement inventives et l’originalité de la démarche est souvent limitée, même si elles veulent se donner des airs d’innovatrices. Chaque génération utilise les mêmes méthodes et s’étonne que les tutrices déjouent les moindres ruses.
Il en fut ainsi pour la bande à Camille.
Ces petits anges se donnaient rendez-vous le soir dans le jardin de Nadège (de la même manière que Lucie quelques mois auparavant) pour espionner se qui était sensé se passer à l’abri du public.
Elles arrivèrent à capter de sons de passionnantes séances d’entraînement de majorette, rythmées par le claquement des talons et du sifflement et l’impacte de la cravache, suivie de cris de surprise douloureuse par Lucie.
Il y avait une réplique qui fertilisa particulièrement les jeunes esprits :
« Lucie quand tu te mets le doigt dans le derrière devant moi, j’aimerais entendre ton plaisir, sinon tu sera privée de détente. Sois tu m’exprimes bruyamment ton enthousiasme, sois je te mets ton bouchon et ta ceinture de chasteté et tu iras au lit. »
Et aussitôt en oyait une Lucie pousser des cris mi rauques, mi aigus dans une obscénité non équivoque.
Les copines étaient pliées de rire, mais surtout frustrées que le spectacle n’appâtait pas en plus par un côté visuel.
Chaque soir le programme différait et offrait des nouvelles bribes de la vie cachée de Lucie. Il y avait également des sacrées fessées, accompagnées de musique de marche qui résonnèrent dans les oreilles enchantées du public.
L’épilation intégrale de Lucie ainsi que son travail chez l’esthéticienne anima également des interminables débats. Les filles étaient unanimes : le résultat avait l’air insolite et un peu ridicule, mais elles discutaient ardemment le pour et le contre en faisant des extrapolations sur le toucher et la sensation sous une jupe de préférence sans culotte.
Les spéculations allèrent de bon train laquelle de ces quatre filles serait la première de franchir la porte du cabinet où travaillait Lucie pour un soin exigé par sa propre tutrice.
Les amies devenaient de plus en plus hardies quant au volume sonore de leurs commentaires, petites piques et fous rires et se crurent à une fête foraine. Tout débordement sembla permit en toute sécurité et surtout impunité.
La cruche va au puit tant qu’elle ne se brise pas par sa propre maladresse. Lucie avait une fine ouïe et elle s’aperçut vite du petit ménage sous les fenêtres. Habituée à des confessions rigoureuses qui ne lui permirent aucune échappatoire, elle considérait les rapporteuses tant détestées avant sous un autre angle. La moindre cachotterie devant Nadège lui pesait lourd et elle se débarrassa de sa mauvaise conscience en avouant ce qu’elle savait.
Nadège recueillit les nouvelles avec amusement et promettait à Lucie un dénouement éclatant.
Le lendemain matin tutrice et élève firent le tour des éducatrices concernées.
Le malaise de ces femmes se vit facilement sur leurs visages et l’audace des leurs ouailles leur rougissait le visage de honte devant une Nadège accusatrice par son regard et par la fermeté de sa voix.
Ce que Lucie ne savait et ce qu’elle allait apprendre quelques jours plus, aurait sûrement encore augmenté sa bonne humeur. Les tutrices allaient être convoquées devant une commission disciplinaire pour faute professionnelle qui sanctionnait par des punitions draconiennes et dont officiait Nadège. Il en va de soi que les braves femmes n’appréciaient guère la plaisanterie de leurs élèves indociles.
Un plan fut élaboré pour surprendre les coupables en flagrant délit pour le même soir.
Lucie buvait du petit lait et se rengorgeait de compliments à son égard. Cette première expérience et reconnaissance de fille modèle lui plaisaient beaucoup et elle se jura de travailler encore plus vigoureusement pour stupéfier Nadège.
Le soir Nadège ne changea rien au programme. Depuis quelque temps elle donna de leçons de courbettes à son élève pour la familiariser avec attitude respectueuse envers toute personne d’autorité. Quand on lui adressait la parole elle devait se lever aussitôt au garde à vous pour répondre minutieusement aux question posées en y ajoutant toujours Madame. Pour se rasseoir il fallait attendre l’autorisation. Au moindre écart de langue la position de modestie s’imposait pour indiquer qu’un petit œillet soigneusement épilé présentait une partie plus noble qu’une bouche odieuse.
Pour pimenter la situation et pour mieux piéger les petites voyeuses Nadège n’avait pas fermé les volets à la tombée de la nuit.
« Ca ne plaisante pas chez Lucie », chuchota l’une d’elles. « Il n’est pas marrant de devoir montrer son trou du cul à la moindre bêtise. »
« Quel horreur », dit Camille, « je serais trop embarrassée. »
« Et moi morte de honte », ajouta une autre
« Pourtant il faut y passer par là les filles et plus vite que vous pensez », se fit entendre une voix qui portait.
Effrayées les filles se retournaient pour discerner quatre tutrices en colère à l’ombre d’un arbre. La porte de la maison s’ouvrait et Nadège apparut sur le pallier.
« Voila les petites pestes prises en flagrants délits. Pendant que Lucie travaille durement ses bonnes manières, d’autres s’amusent d’une manière parfaitement inconvenable.
Je pense qu’un châtiment exemplaire s’impose. Je compte sur vous, amies tutrices. »
Lucie râlait à l’intérieur de la maison en silence. Nadège ne lui avait pas accordé la faveur d’assister directement au spectacle. En fille sage elle devait se contenter observer discrètement pas la fenêtre sans se faire voir.
Elle prit grand plaisir de contempler comme ses amies furent déshabillées une par une toute nue en adoptant ensuite la terrible position de modestie. Quatre jolis fessiers de jeunes dames se tendirent vers la lune qui éclairait la moindre partie de leur anatomie.
Une par une subit le sermon de sa tutrice pendant qu’une autre s’occupait la l’aide d’un martinet de donner un petit avant goût pour la suite. La résonance des claques traversait la nuit.
Le vrai châtiment se fit en simultané sur les genoux des éducatrices et quarte grandes filles perdirent leur dignité en même temps en brayant et pédalant en air avec leurs jambes. Des larmes de regret coulèrent à flot et des implorations de pitié montèrent vers un ciel étoilé.
Lucie derrière la vitre ne put s’empêcher de profiter de l’occasion d’inadvertance pour un grand soulagement avec ses doigts agiles « au bon endroit », le premier depuis quelques semaines.
Elle aussi hurlait, mais personne ne pouvait l’entendre avec tous ces bruits au jardin. Elle comprit pleinement les avantages du rapportage.