Discipline Domestique Romantique

Défilé de majorette

 

Tous les jours du fromage depuis quelques semaines, le matin et pour le goûter, ça gave. Lucie en avait franchement marre. Puis elle ne tenait pas spécialement à se faire remarquer chez les « oiseux bleus » pendant la pause par une grosse tartine malodorante.

Dès qu’elle passa à côté de la première poubelle, elle s’en débarrassa en toute discrétion.

Depuis qu’elle travaillait, l’argent ne lui manquait plus et elle profita d’un petit tour au supermarché pour faire des réserves de barres chocolatées.

 

Elle était parmi les premières à arriver dans la salle d’entraînement. Quand elle se débarrassa de ses vêtements pour enfiler la tenue d’exercice, elle ne se sentait pas bien à l’aise. Tout le monde allait remarquer qu’elle n’affichait pas le ticket de métro réglementaire en bleu électrique. Comme prévu le courrant passa mal et des étincelles se créaient aussitôt.

 

« Je crois que tu veux te faire remarquer à tout prix par la directrice », dit une des filles. « Elle a très peu de sens d’humour pour ce genre de caprices. Il se peut que ton extravagance nous apportera une punition collective.

Ca s’est déjà vu ici. Dans ce cas il y aura des représailles de notre part. Alors, si elle te convoque, arrange-toi que sa colère ne nous retombe pas sur le dos. »

 

Lucie se fit toute petite et essaya de se défendre :

 

« C’est ma tutrice qui décidé ce que je dois faire ou pas. J’aimerais vous voir à ma place. Si je n’obéis pas, je suis sévèrement punie. »

 

« Tu devrais lui demander de consulter la directrice. Peut-être elles trouveront ensembles un compromis pour toi. »

 

« Je n’y manquerai pas, mais pour aujourd’hui c’est râpé. »

 

« Garde à vous », traversa la voix de l’instructrice le vestiaire.

Aussitôt les filles se mettaient au rang, sauf Lucie qui ne connaissait pas encore sa place. L’instructrice la regarda minutieusement avant de prononcer son verdict :

 

« Voila, notre nouvelle recrue. Je constate un uniforme impeccable et je te félicite de rejoindre notre troupe. Je t’ai vue le jour de la sélection et je te trouve bien douée.

Par contre je ne peux pas te mettre au milieu des autres. Tu dénotes trop. Par conséquence j’aimerais te promouvoir au rang de chef de file. Comme ça je t’aurai à l’œil et tu feras de progrès plus vite. »

 

Lucie remarqua les regards moqueurs et rires de autres filles et ne comprit pas de suite de quoi retournait ce titre apparemment honorifique.

 

« Nous avons l’habitude que nos petites nouvelles précèdent le défilé pendant l’entraînement. Comme ça le moindre faux pas se remarque, soit par moi, soit par les anciennes.

Notre chef de rang est également responsable pour les erreurs de la troupe et c’est elle qui reçoit le châtiment à la place de la coupable.

Enfin pour garantir la plus grande concentration de toutes pendent les exercices il s’avère utile d’annoncer la couleur de nos principes sur les fesses de la fille de tête. Quand notre regard se pose sur un derrière rouge, nous sommes moins tentées de faire de bêtises.

Lucie en position pour une correction préventive. »

 

Notre héroïne fut abasourdie et n’osa pas protester. Elle dut écarter largement ses jambes, se pencher en avant en bombant au maximum ses globes et en posant ses mains sur ses genoux.

Ainsi exposée à la vue de toutes, elle reçut cinq coups de cravache sur chaque hémisphère, accompagnés chacun par un crie émerveillé à voix unique par les autres :

 

« Les oiseaux bleus, une pour toutes, toutes pour une. »

 

L’instructrice ne plaisantait pas et le rituel d’initiation se révélait fort douloureux pour Lucie. Avec un séant en feu elle débuta la séance d’entraînement. L’institutrice ne ménagea pas les filles et exigeait une synchronisation parfaite des mouvements, notamment du claquement des talons sur le sol. Il en va de soi que Lucie encaissa à maintes reprises un coup de cravache, moins pour ses propres erreurs, mais pour celles dans les rangs. Elle savait que les autres membres possédaient une grande expérience dans l’art de la majorette et ne put s’empêcher de supposer de la mauvaise foi de la part des fautives.

Bientôt tout le monde transpirait abondamment sans que l’instructrice relâchât la cadence. Ce ne fut qu’une heure et demie plus tard qu’elle accorda une pause de trente minutes.

Les filles se ruèrent sur les bancs pour se reposer et se restaurer. Tout le monde sortait de grands sandwichs, sauf Lucie qui se faisait encore remarquer par ses barres chocolatées.

 

« Il n’est pas coutume de s’empiffrer du chocolat chez nous », lui chuchota une camarade dans l’oreille. « Si tu es découverte par la directrice, elle te fera passer un sale quart d’heure et convoquera ta tutrice. Méfie toi des rapporteuse. Ca ne manque pas ici. Puis certaines filles ont les yeux partout, même quand on se sert d’une poubelle en toute discrétion. »

 

Lucie devenait pâle. Elle n’osa pas imaginer la réaction de Nadège, si elle venait d’apprendre la substitution de son goûter. Apparemment quelqu’un l’avait observé et toute la troupe semblait déjà au courrant. Elle comprit qu’elle avait mis pied dans un endroit extrêmement dangereux et regretta amèrement son insouciance.

 

Lucie se rendait vite compte que chez les oiseaux bleus régnait un esprit bien différent de celui entre ses copines.

Ses camarades discutaient librement de leur punitions et instrument de l’occasion. Elle apprit qu’elle était loin d’être la seule à subir une discipline extrêmement sévère.

Quelques filles essayèrent de se concurrencer pour déterminer celle qui recevait les plus durs châtiments, celle qui portait le plus souvent la ceinture de chasteté et celle qui supportait le plus gros bouchon médical.

Il en était de même pour les positions de modestie, d’excuses ou rédemption.

Pour Lucie s’ouvriraient des nouveaux horizons envers ce qui est discutable en public et de quoi on peut se vanter entre amies. En fait cela dépendait de l’esprit de groupe à laquelle on adhère. Elle prit bonne note et se mit comme objectif de se pencher sur sa propre position, sur ses propres idées, sur son propre désir. Tant qu’elle ne possédait pas de réponses à ces questions, elle décida de faire confiance à Nadège et ses méthodes.

Mais elle comprit aussi à quel point elle prenait goût à la discipline et le fait de se trouver parmi d’autres filles partageant ce penchant la rassurait.

 

Plus tard, au milieu d’un nouvel exercice la directrice fit apparition. Elle observa l’entraînement pendant quelques minutes avant de l’arrêter par un simple geste de main. La troupe, instructrice y compris se tenait au garde à vous devant elle.

 

« Majorette Lucie, sortez du rang », dit-elle enfin.

 

Lucie ne bougea pas de peur d’envenimer la situation. Elle trouvait étrange que la directrice la voussoyât, en saisissant bien qu’il s’agît d’un prélude pour une cérémonie particulièrement humiliante qui lui pendait au nez. Etre traite en adulte par les mots et pour être bientôt réduite à un état de jeune fille devant un public avide de distraction.

Elle crut apercevoir dans l’entrejambe de l’instructrice (qui exerçait sa fonction dans la même tenue que les filles donc le derrière et les parties intimes à l’air) un petit spasme de bonheur suivie par une légère luisance traîtresse.

 

« Il est bien connu que vous aimez vous distinguer par vos excentricités, Lucie. Et voila la preuve flagrante. Au lieu de vous conformer à nos habitudes, vous défiez notre code honneur par une présentation de plus indécente. Je ne tolère pas d’épilation intégrale au sein de notre troupe, sauf en cas d’ordre exprès de votre tutrice. »

 

« Il s’agit bien de cela, Madame la directrice », essaya Lucie de se justifier.

 

« Je n’ai vous ai pas donné l’autorisation de parler. Vous auriez dû me prévenir avant le cours. Votre manque de sens de camaraderie mérite un châtiment exemplaire devant tout le monde. »

 

Lucie soupira lourdement. Son derrière avait déjà enduré trop de sanctions cet après-midi.

Elle s’attendait dans ce contexte de filles habituées à la cravache et à la canne à un châtiment terriblement douloureux. Quelle fut sa surprise quand la directrice s’installa sur une chaise et la renversa sur ses genoux. Difficile d’imaginer une pire honte que ne pas être estimée digne d’un traitement de grande et de se voir dégradée vraiment au rang d’une toute petite.

Sous les rires de la troupe elle se vit appliquer une bonne fessée traditionnelle à la main qui lui provoqua des chaudes larmes. Moins pour la douleur, mais pour le ridicule de sa situation. Elle aurait préfère largement la canne, instrument favori de la directrice.

 

« Bon, personne d’autre ici songe à se faire épiler intégralement ? », dit la femme avant de démissionner Lucie.

 

Il a y des jours où il vaudrait mieux de ne pas se lever.

Notre héroïne se crut au bout de ses peines, mais le pire allait encore arriver. Elle ne s’en doutait pas du tout en levant ses jambes une plus haute que l’autre et en suivant attentivement la cadence imposée par l’instructrice. Quand le moment de la douche arrivait pour terminer cette séance, elle fut convoquée au bureau de la directrice tandis que les autres filles partaient au vestiaire.

 

On lui dit d’attendre devant la porte au garde à vous jusque la directrice décidât de bien vouloir l’appeler.

L’attente dans ce genre de situation fait déjà partie d’une punition. Lucie se rendait compte combien de pensées traversaient sa tête pendant des minutes qui semblaient interminables. Une seule chose était sûre, la directrice ne la faisait pas venir pour la féliciter.

De l’intérieur de la pièce venaient deux voix féminines bien distinctes et elle n’eut aucun mal d’identifier l’une comme celle de la directrice et l’autre celle de Nadège.

Tout devint clair dans sa tête et le sandwich jeté réapparaissait. Elle maudissait sa propre bêtise en se jurant de ne plus jamais commettre une telle erreur.

Quand la directrice l’invita d’entrer dans son bureau, Lucie affichait déjà un air tellement coupable qu’un interrogatoire se présenta comme une pure formalité.

 

« Avez-vous une idée sur cette convocation, recrut Lucie », demanda la directrice soutenue par le regard médusant de Nadège.

 

«Je n’ai pas obéis à ma tutrice », répondit Lucie timidement.

 

« Expliquez-vous ! »

 

« J’ai jeté mon sandwich du goûter à la poubelle, pour m’acheter de sucreries. »

 

« Pourquoi ? »

 

« Par gourmandise. »

 

« C’est tout ? »

 

« J’avais peur de manger un truc qui pu autant devant les autres. Je voulais éviter de commentaires blessants et le banc des indisciplinées. »

 

«La directrice se tourna vers Nadège.

 

« Je te félicite pour ton éducation de cette jeune dame. Elle a l’air sincère et n’essaye pas de nous berner. C’est assez rare. J’avais prévu de la réprimander moi-même, mais je pense que tu saurais mieux que quiconque la ramener sur le bon chemin, Nadège. Je te la confis donc. Néanmoins je doit te prononcer un blâme pour cette affligeante affaire. Tâche-toi de faire comprendre à ton élève de ne plus recommencer de nous prendre pour des imbéciles. »

 

Lucie n’avait jamais vu Nadège en colère. Mais cette fois-ci un soupçon sur l’efficacité de ses méthodes était exprimé par un notable du village. Et si Nadège détestait une chose, c’était justement cela.

Il fallait en fait bien la connaître pour remarquer à quel point son sang bouillonnait. Elle se maîtrisait tellement bien que sa voix resta calme.

 

« Nous allons rentrer toutes les deux à la maison maintenant Lucie. Il en va de soi que tu auras droit à un traitement de faveur que tu ne gommeras de ta mémoire pas si vite. »

 

« Donne-moi cinq minutes pour me changer Nadège, s’il tu plait. Je te promets d’accepter dignement ma punition. »

 

« Tu ne te changeras pas », décide Nadège. « Ta punition commence immédiatement. Tu rentreras en défilant devant moi, comme tu l’as appris cet après-midi et tous les cent pas, tu t’arrêteras pour un exercice sur place avec des pirouettes. Suis-je bien claire ? »

 

Lucie baisse sa tête et des larmes de mortification couvrent son visage.

 

« Fallait y penser avant, jeune dame », interjette la tutrice sèchement. En route et bien en cadence. »

 

Lucie dans son uniforme qui s’arrête juste au dessus du nombril et qui ne reprend que sous forme de ses longues cuissardes transpire d’angoisse en sortant du gymnase. Cette fois-ci c’est l’heure de grandes affluences et son défilé ne va passer inaperçu. Dans quelques minutes pas mal de monde sera au courrant de ce pénible programme. Elle évalue la distance, environs mille cinq cent pas dont quinze pirouettes pour amuser la galerie.

 

Elle ne s’attend pas au fait que Nadège qui adore papoter avec les voisines prend temps comme d’habitude.

Lucie défile sur place, est incitée de lever ses jambes plus haut quand elle se relâche ou encore sermonnée pour un manque de sourire sur son visage.

Les traces rouges de ses corrections de la journée intriguent, incitent à poser des questions curieuses dont Nadège se fait un plaisir de répondre en détail.

Lucie se sent très fatiguée quand elles s’approchent enfin de la maison.

Mais une ultime épreuve l’attend. Assises sur un banc, à l’ombre un beau tilleul, ses amies dont Camille ne croient pas leurs yeux.

 

Le spectacle leur plait au point de frapper avec enthousiasme le rythme avec leurs mains avant de s’adresser à Nadège.

 

« Qu’a-t-elle encore fait Lucie ? »

 

« Elle est parfaitement inconsciente de jeter de la nourriture. Combien de gens meurent de faim au monde et seraient contents d’avoir à manger. »

 

« En fait, aura-t-elle le droit de sortir avec nous ce week-end ? »

 

« Non ? Eh ben, on te comprends trop bien Nadège. »

 

Lucie est couverte de sueur, ça dégouline de partout.

Elle se sent poisseuse, presque au bout de ses forces, mais elle doit continuer à faire des grimaces pour ne pas provoquer Nadège de plus.

Elle ne ressent presque plus l’affront que sa fierté vient de subir et entend avec gratitude Nadège qui lui commande de se remettre en marche. Les derniers pas sont les plus durs surtout que le fou rire de ses amies résonne dans ses oreilles.

J’aurai ma vengeance, se motive-t-elle et avec la hargne au ventre elle finit sa parade devant la porte de la maison.

Elle sait bien qu’un week-end très éducatif l’attend, mais ce qui lui donne le moral c’est que Nadège récompense toujours la persévérance et la bonne volonté d’aller au bout d’un programme.

Pendant deux jours les voisins entendent souvent des cris aigues sans pouvoir distinguer entre punition et extase.

 

  Suite chapitre 19

Sam 27 sep 2008 Aucun commentaire