Discipline Domestique Romantique
Douce vengeance
Ses débuts comme apprentie au service de la beauté furent plus durs qu’imaginés. L’argent dans la vie ne tombe pas du ciel, aimait rappeler Nadège qui tenait Lucie très cour en argent de poche.
Bérénice fit venir sa nouvelle stagiaire une demi heure avant l’ouverture du salon. Avant que Lucie se vêtît de son uniforme de travail, sa patronne la passa sur la table de soin pour l’enduire de la fameuse crème qui donna un hâle luisant à la peau jusqu’au moindre recoin. Le traitement fut appliqué d’une manière professionnelle et mécanique que Lucie n’en retirât pas le moindre agrément.
« Tu n’es pas ici pour ton plaisir ! J’ai dû te promettre un salaire royal. Maintenant il faut me convaincre que tu sois à la hauteur des espérances que Nadège projette en toi. Et gare à toi tu nous déçois. »
En disant ceci, un air tellement dédaigneux survola son visage et Lucie conçut aussitôt que désormais sa pudeur allait être chauffée à blanc.
C’est ainsi que notre vaillante héroïne se trouva sur la devanture du cabinet en train de passer un coup de balai sur le trottoir. L’étrange accoutrement, contrasté par l’éclat de la nudité fit l’effet d’aimant. Du côté des élèves l’amusement exprima toute la panoplie de rivalité et rancunes entre filles sans s’y méprendre. Personne ne voulait être à la place de Lucie. Mais le risque de se trouver dans une situation semblable menaçait plus d’une des filles surtout dans les ménages très sévères.
Pour évacuer cette angoisse et le stress y lié, elles se déchaînaient sur la pauvre Lucie qui continua imperturbablement à balayer, chose la mieux adaptée aux circonstances.
La foule attire la foule et les tutrices étonnées de découvrir leurs ouailles de si bonne humeur si tôt le matin s’approchèrent également.
Bérénice derrière sa vitrine se frotta les mains et profitait de l’aubaine pour faire distribuer par Lucie des brochures promotionnelles.
Comme bien entendu les regards se dirigèrent vers l’entrejambe imberbe de Lucie qui vantait les « soins complets » de la maison.
Ce jour-là Lucie se rendait compte pour la première fois de sa vie que le fait de devoir s’exposer dans des situations saugrenues devant un public mortifiant stimulait son ambition au dessus de toutes les limites permises et elle décida de mettre en œuvre un diabolique plan de vengeance.
« Allez-y, foutez- vous de ma gueule, montrez-moi du doigt, j’y trouverai mon compte quand même. Ne croyez surtout pas que j’oublierai vos railleries. Je n’ai pas encore dit mon dernier mot », pensa-t-elle.
Heureusement personne ne put se rendre compte que malgré sa nudité elle jouissait d’une certaine manière de son ignoble sort car la crème produisait un aspect mouillé qui se confondait facilement avec les secrétions naturelles. Quant à la chair de poule elle fut attribuée à la fraîcheur matinale.
Une fille - Cécile - amère connaissance de la fête foraine et chef de bande rivale de celle de Lucie, se distingua par des remarques particulièrement savoureuses à l’égard de Lucie en la découvrant ainsi « déplumée. » Sa gaieté fut à son comble quand sa propre tutrice glissa une main sur la peau de la malheureuse stagiaire pour s’apercevoir de la qualité du traitement concluant par les mots :
« Comme s’il n’y en a jamais été. »
« Ce qui est parfaitement voulu. Nous proposons des traitements de qualité qui parlent d’eux-mêmes. J’ai dû me soumettre à cette hygiène rigoureuse sous l’insistance de ma tutrice. Bien sur j’étais capricieuse et j’ai tout fait pour y échapper. Mais elle a su s’imposer avec fermeté et croyez-moi je ne regrette pas sa décision. C’est bien une tutrice qui sait au mieux ce qui convient à une élève.»
Lucie répondit d’un air si sage et ingénue (en poursuivant le grand plan vengeance pour l’humiliation du week-end) qui ne tomba pas dans des oreilles sourdes.
Quelle fut la surprise de l’audacieuse Cécile quand sa tutrice d’un regard enchanté s’adressa à Lucie en demandant s’il y avait possibilité d’un rendez-vous sur le champ.
Lucie se para de son plus beau sourire, donnant suite immédiate, conforme à la consigne de sa patronne.
La dernière n’en revenait pas. En moins de vingt minutes sa nouvelle stagiaire avait balayé correctement le pavé, attiré une foule considérable, distribué des prospectus, puis trouvé une cliente pile pour l’ouverture du salon. Ca commençait bien. Apparemment elle a eut la main heureuse en choisissant Lucie.
« Sacrée Nadège », pensa-t-elle, « tes méthodes valent de l’or. »
Lucie pour sa part reçut un regard haineux de la part de Cécile, mais triompha de la défaite de sa rivale avec un sourire radieux en pensant :
« Dans une heure tu seras comme moi et tu regretteras longtemps tes méchancetés. »
Lucie se sentit super importante quand elle accompagna tutrice et élève à l’intérieur du cabinet. Elle s’installa derrière le comptoir pour un conseil personnalisé. Elle avait répété les discours commercial avec Bérénice depuis quelques jours. Avec professionnalisme elle orienta sa clientèle sur le soin complet qui était le plus cher. Elle fut si convaincante que la tutrice accepta après quelques minutes seulement ce qu’elle jugea le mieux pour sa protégée.
Ainsi affronta Lucie sa première ennemie d’une longue liste qui allait se raccourcir de jour en jour. Elle était résolument décidée de ne rater personne ayant eu la parole facile pendant son éprouvante aventure de la fête foraine. En haut de liste figuraient ses quatre amies de sa bande qui l’eurent si lâchement trahie avec le jean moulant. Elle leur réservait un sort particulier. Notamment pour Camille elle songeait encore comment lui rendre la pareille au mieux.
Bérénice eu fait des grands travaux dans la salle d’attente destinée aux élèves. Outre une tapisserie rose avec des petits nuages, elle comportait un vestiaire et un coin de punition doté de martinets dernier cris avec des photos de chanteuses en vogue, imprimées sur le manche. Aucun de people adulé par les élèves ne manquait. Quand il s’agissait du bien-être de la jeune génération, Bérénice n’était pas avare et se faisait un honneur de récréer une ambiance comme à la maison.
Un canevas de création artisanale surplombait ce coin et on pouvait lire en grand :
« Hygiène, rigueur et obéissance sont les piliers d’une éducation de qualité. »
Lucie envisageait de suivre son apprentissage avec sérieux. Surtout quand Bérénice lui promit en cas de progrès considérable la responsabilité du rayon « jeune fille » avec le droit de pratiquer des soins complets y compris l’application du martinet en cas de besoin.
Mais le chemin était encore loin et laborieux
« Pour l’instant je te paye pour ta facilité de rougir. On dirait que tu es plus gênée que nos clientes. Ça les rassure bien. Une ménagère mise en confiance est une cliente qui revient et tant qu’il y aura des poils, nous aurions du travail. »
Il fut entendu que Lucie allait recevoir une mention journalière dans un carnet d’études pour que Nadège puisse surveiller ses efforts et sanctionner la moindre défaillance.
Entendu également que le moindre manque de respect envers la patronne ou la clientèle sera châtie sur le champ.
Puis admit aussi que le client soit roi et chaque faute professionnelle suivie d’une correction singulièrement sévère.
Cécile perdit vite ses allures arrogantes dans la joyeuse salle d’attente. Lucie servit un bon thé et des petits fours à une tutrice enchantée par de telles prestations et confit sa protégée aux mains de Lucie qui se languissait de suivre le règlement de sa patronne à la lettre en sentant bien que des étincelles iraient se produire sous peu.
Cécile bien plus âgé que Lucie se refusa catégoriquement que celle-ci la déshabillât. Elle croisait ses bras et piétinait de colère en insultant Lucie de se prêter à un sale jeu.
La tutrice présente n’apprécia guère ce genre de comportement et en remuant son thé se fit entendre d’une voix de tonnerre.
« Cécile, je t’offre un traitement qui devrait te ravir. Au lieu de te montrer reconnaissante tu me compromets en faisant de caprices devant une fille plus jeune que toi et qui - elle - se trouve déjà dans la vie active. Il est inadmissible que passe l’éponge sur ta mauvaise fois. »
Elle se tourna vers Lucie :
« Mademoiselle accomplissez votre travail. Je vous paye pour une prestation et j’exige un déroulement sans faible. Faite preuve d’autorité sans tarder. »
« Victoire et justice », cria le cœur de Lucie pendant qu’elle invita une Cécile rapetissée à choisir un martinet selon ses goûts.
Cécile s’exécuta en grognant doucement, mais n’osa contredire les consignes de sa tutrice et dut s’exposer au regard triomphant de Lucie en lui tendant le martinet.
A ce moment Lucie comprit la jouissance qu’éprouvait une tutrice devant une élève repentante.
Elle déshabilla Cécile entièrement en suivant la même procédure que Nadège, avant de s’installer une chaise et d’allonger sa patiente sur ses genoux.
Elle n’avais aucune expérience du martinet qui est un instrument difficile à manier, mais sut qu’elle y prendrait vite goût et habitude. Son statut de confidente des éducatrices fut encore rehaussé quand une autre tutrice avec son élève fit apparition dans la salle.
Il en va de soi que l’autre fille quand vint son tour ne posa aucun problème, connaissant en bonne cause ce qu’attendait les irréductibles.
Cécile se vit appliquer un soin intensif de son popotin avant de suivre Lucie dans la pièce à côté où opérait Bérénice.
Au cours de cette mémorable journée Lucie assista à la transformation d’une vénérable tutrice (hélas seulement qu’un grand ticket de métro).
Elle ne commit qu’une seule inadvertance qui lui valut une âpre correction devant la cliente offensée.
Mais malgré cet ombre, elle s’y plaisait beaucoup dans son nouveau métier.
Il reste à raconter avec qu’elle fierté elle rentra après son service à la maison où elle fit connaissance douloureuse avec la loi de la double peine. Mais Nadège avec son sens inné de justesse, n’oublia pas aussi de récompenser dignement les éléments positifs de la journée.