Discipline Domestique Romantique
2 RÉFLEXIONS À LA MAISON
Je ne reverrai pas Chloé avant deux semaines. Je sais qu’elle voyage beaucoup. C’est sa grande passion. Elle adore visiter des nouveaux coins et faire des rencontres. Sa gentillesse naturelle lui facilite la tache et sa beauté et son éternel sourire sont des atouts majeurs.
Je ne me sens pas du tout jalouse de sa vie. Je suis plutôt une femme qui a besoin de repères. Je suis bien dans mon petit deux pièces que la mairie a mise à ma disposition. Le salon avec son coin cuisine est bien exposé avec vue sur la ville et les montagnes. Le soir, j’aime regarder par ma fenêtre les lampadaires à l’ancienne en fer forgé. Les touristes se promènent dans les rues. Les néons des bars et restaurants s’allument sur un fond de ciel sur lequel défilent toutes les gammes imaginables de bleu. On dirait un tableau de M, sauf que ses créatures de rêve manquent. Qui sait, peut-être en passant par ici, il m’aurait remarquée, m’aurait proposée de me peindre. Qu’aurais-je fais ? Je pense que j’aurais été partagée entre deux formes de lâcheté : trop lâche pour accepter, trop lâche pour refuser. Je me serais sûrement enfuie avec le regret de passer à côté d’un événement. Ma pudeur maladive, en seul héritage parental, est un fardeau bien lourd. Moi aussi, j’aimerais être sublimée et éternisée sur une toile. Comme Chloé. Pourquoi alors aurais-je refusé ? À cause de ma peur que l’on me confonde avec une femme facile, surtout en se montrant nue sur un tableau.
Et puis, ce permanent sentiment de culpabilité. Si je fantasme sur le fait de me montrer nue devant les visiteurs d’un musées, ne ressemblerais-je pas au font à une allumeuse, version intellectuelle certes, mais une femme exhibant ses charmes sans la moindre retenue quand même ?
Je m’accommode à ma médiocre réussite professionnelle. Le fait de gagner ma vie me semble un assez grand mérite. Ma place est stable et je suis à l’abri du chômage. Je n’ai pas besoin d’exhiber mon corps pour manger. Pourtant le travail n’est nullement garant d’indépendance de nos jours. Le plus souvent il exprime la soumission envers les exigences de la vie. On faisant mes études, je rêvais d’une carrière dans la bibliothèque nationale. L’idée, d’avoir accès aux manuscrits originaux de nos plus grands écrivains, me faisait plus frissonner qu’un mariage avantageux. J’étais recalée au concours. Je ne veux pas entrer dans la polémique qui tourne autour du principe de piston. J’ai bénéficié moi-même de ce système, après tout. Je ne suis pas devenue la bibliothécaire de mon village à cause de mes compétences, mais parce que je suis native du lieu. Mes parents et surtout mon frère me le rappellent assez souvent.
Ma petite ville me plaît bien. Je sors rarement le soir parce que j’ai du mal à faire des rencontres. Les bars et discothèques sont loin d’être mes lieux favoris.
Il me reste presque plus de copines. Elles sont toutes mariées. Elles ne m’invitent jamais. Je crois qu’elles ont peur que je leur pique le mari. Pourtant je ne suis certainement pas une tentatrice, plutôt timide et réservée. Je ne possède pas non plus une garde-robe qu’on pourrait qualifier provocante. J’ai une préférence pour les jeans mode et des moulants T-shirts barioles. J’ai une jolie poitrine, un peu petite à mon goût, et j’essaye de la mettre en valeur. Pour aller travailler je mets souvent une jupe écrue et évasée avec un twin set rose thé ou un pantalon noir à pinces avec un chemisier blanc ; pour me donner un air sérieux et décontracté à la fois. Je ne me vois pas en tailleur. Soit ça fait vielle fille, soit star lubrique de feuilleton américain style Ali McBeal. Ni l’un, ni l’autre me correspond. Je ne suis pas une midinette qui veut aguicher pour se soustraire à une pitre condition.
À la maison je suis toujours en jean avec mon pull noir fétiche, coupé près du corps. Ce petit pull me rappelle tellement de bons moments, j’aime le porter. Je ne crois pas qu’il soit tellement beau, mais je m’y sens à l’aise et ça, ça m’aide.
J’avoue que mon présent ne m’enchante pas. Cependant il me rassure par son immobilité, son absence de surprises. J’évite les pensées à l’avenir parce qu’elles m’effrayent. C’est là, où la réalité m’échappe. Le présent fini toujours par se transformer en futur. Je vis au bord du vide, hypnotisée par une attirance morbide. On ne comble pas ses lacunes en restant sagement à la maison.
Les rues se vident vite le soir hors saison touristique. Je l’impression que la ville m’appartienne, à moi seule. J’aime le calme, mélangé au doux bruissement de la rivière qui traverse la vallée. On s’habitue tellement à cette eau vivante qu’elle devient un berçant fond sonore.
Toutes les demi-heures on entend le clocher. Bien sur, à partir de dix heures du soir jusqu’à huit heures du matin on verrouille la sonnerie. On ne cherche pas à embêter les touristes.
Je ne me pose pas vraiment des questions pourquoi je vis seule, peut-être à cause de mon enfance, un peu spéciale, ou à cause de la déception avec mon mari. J’ai un beau visage avec des yeux très verts qui plaisent beaucoup. En ce qui concerne mon corps, je n’ai pas à me plaindre non plus. Je suis très grande, mince avec des belles fesses en forme de pomme. Pour cette raison je porte souvent des jeans. Je trouve qu’ils me mettent bien en valeur, sans provoquer ou choquer. Je préfère passer inaperçue.
Je suis ne pas une fanatique de bijoux précieuses. Le toc me suffit amplement, avec une tendance pour ce qui est clair. Je trouve que ça me va bien avec mon look de fausse rousse. Mes cheveux sont mi-longs, permanentés, fournis et épaisses.
Je porte toujours une bague en topaze bleue, un cadeau de ma grand-mère pour mes vingt ans.
En maquillage je n’y connais pas grand chose. Bien sur, je fais un effort pour mon travail : teint clair, jeux pairs et très rarement un teint mat, beige nature. Un coup de eye-liner noir avec un mascara assorti et je suis prête. Je ne suis pas une femme qui passe des heures dans sa salle de bains.
Je n’ai pas habitude de rouge à lèvres. C’est inutile. Mes lèvres sont bien dessinées et pulpeuses naturellement.
Par contre je connais l’importance des mains dans mon boulot et j’opte par facilité pour un blanc nacré.
Tous comptes fait, je suis une jolie jeune femme. Alors pourquoi je reste seule ? Peut-être par habitude que j’ai acquise pendant les quatre dernières années.
En bouffe, je ne suis pas exigeante. Pour le midi je me prépare des salades de riz avec du thon ou anchois de préférence, ou, si je la flemme ou un coup de cafard, je fréquente le snac à côté de la bibliothèque, pour un sandwich poulet salade, sans mayonnaise. J’ai trop peur de grossir.
Les soir c’est le plateau télé ou simplement du fromage, surtout des pattes molles à caractère, mon pêché mignon.
Un dimanche sur deux, je mange chez mes parents, mon éternelle hantise. Chaque fois je me pose d’avance la question ce qu’ils veulent encore de moi. Le dimanche suivant, je suis invitée chez mon frère et ma belle sœur. Manière de tuer le temps et garder des bonnes relations.
Mes seuls moments de loisir, ce sont les samedi et le mercredi après-midi que je consacre entièrement à la culture : musées, expositions, tour des librairies.
Je vie sans histoire. Puis, Chloé est apparue, pour tout chambouler.
Je me suis achetée un catalogue de vêtements par correspondance que je feuillette avec la même passion avec laquelle je lisais avant les grands classiques. Je suis étonnée par la multitude de possibilités pour une femme de se faire belle. J’essaye de m’imaginer dans des tenues extravagantes ou carrément sexy. Mes rêves sont en train de changer. Je n’ai plus envie de vivre les passions des autres à travers des mots imprimés. J’ai décidé de prendre part à la vie, créer mes propres aventures. Pendant des années j’ai menti à moi-même. Au fond de moi, je ne suis pas cette fille sage que je représente pour toute la ville. Moi aussi, je veux plaire, surtout à Chloé.
Je me rends compte à quel point on ment aux adolescentes. Au lieu de nous aider à développer les talents et capacités qui sommeillent en nous, on essaye de nous enfermer dans un rôle que notre civilisation réserve toujours à la plupart des femmes. Une certaine soumission est exigée, car une femme sure d’elle, fait peur aux hommes. Une jeune fille, promise à un avenir brillant, se heurte à une morale absurde. Malgré les efforts du féminisme rien n’a véritablement changé hors des grandes villes. Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que l’on cache le statut d’objet sous un prétexte de mode. La publicité est impitoyable. Elle envahit aussi bien l’univers masculin que féminin. Elle ne connaît pas de limites, en seul domaine où l’homme et la femme sont égaux. L’homme aussi se commercialisé et devient un produit de consommation. Quelle belle consolation ! Mais comment faire pour y résister ?
Depuis quelques jours je montre un incroyable intérêt pour la lingerie, moi qui n’ai jamais abandonné le cotton. Je découvre les bustiers, les bodies, les porte-jarretelles et les guêpières. Honnêtement, c’est beau. Mais j’ai du mal à m’imaginer dedans. Ma mère m’a toujours fait comprendre que ce sont des vêtements pour filles à mœurs légères. Un souvenir me revient. À l’age de quatorze ans je m’étais achète un porte-jarretelles, discrètement bien sur, parce que je l’ai trouvé ravissant. J’avais beau à le cacher. Ma mère qui avait toujours fouillé mes affaires le trouva et me fit une scène terrible qui s’est fini par une correction physique.
Les jambes de Chloé l’autre jour étaient gaines par un superbe collant ou fut-ce des bas à coutures. Je n’en sais rien. Connaissant Chloé, la solution de l’énigme me parait assez évident. J’entrevois mes contradictions. Je refuse d’intégrer avec tout moyen le rôle classique, destinée à une femme, mais secrètement je rêve de me transformer en aguicheuse. Ma tête et mon corps ne parlent pas le même langage ; ce que mon esprit me défend, enflamme mes sens. L’excitation n’obéit pas à la logique. Ici se pose mon véritable problème, me concilier avec moi-même, trouver un compromis, un équilibre vivable qui reflète pleinement ma particularité d’être humain ; sans renoncer à mes idées, sans priver mon corps de sensations. J’ai lu beaucoup d’ouvrages sur la psychologie. Gaston Bachelard dit qu’une analyse s’impose si dans une connaissance la somme des convictions personnelles dépasse la somme des connaissances qu’on puisse expliciter, enseigner ou prouver. Je pense que c’est mon cas. Cependant je n’ai pas envie de me confier à n’importe qui. Le déroulement des séances me répugne. Je ne veux pas me trouver en face de quelqu’un qui, par éthique professionnelle, se veut neutre, indifférent en pratiquant une écoute flottante. Je préférerait me confier à un être doté d’une âme, d’une compréhension chaleureuse, comme Chloé. Devant elle je n’aurais pas honte de me laisser aller pour lui révéler mes abîmes. Elle ne m’aidera pas à trier le rationnel de l’irrationnel, ce que je saurai faire moi-même ; non, elle me réconfortera par son vécu dans mes irrationalités. J’ai besoin d’un échange amical, d’une initiation au monde des sens.
Chloé est si différente de ma mère et seulement sept ans les séparent. Je regrette de ne pas être la fille de Chloé. J’aurais moins souffert pendant mon enfance, je serais différente aujourd’hui, sans complexes, sans honte, culpabilité et fausse pudeur.
De l’autre côté, quel avantage d’être son amie. Elle m’a invitée à B., au bord de la mer. Une ouverture inespérée vers une nouvelle vie. B. se situe assez loin de chez moi, je pourrais me permettre des caprices qui me sont interdits chez moi où tout le monde connaît mes parents. À B. je pourrais devenir moi-même. Je me rends compte que je ne suis pas ce que je voudrais être et surtout que je ne sais pas ce que je voudrais être. Je suis sure que Chloé va m’aider à découvrir la véritable Bella. J’envie Chloé pour son autonomie et sa façon d’être naturelle, d’être simplement elle. Le mot envie est faible. Il y a un arrière goût de jalousie et, même si je n’ose pas me l’avouer, une certaine haine parce qu’elle peut se permettre ce qu’on m’a défendue depuis ma plus petite enfance. Elle ne doit des comptes à personne. Sentiment étrange de haïr quelqu’un qui nous attire. Oui je suis attirée par Chloé et je la déteste pour cette raison. C’est le côté de ma mère en moi qui crée ce sentiment. Je suis confuse. Ma mère a trop bien réussie mon éducation on me inculquant une multitude de tabous, qui vivent en moi et qui m’empêchent de m’épanouir. Au lieu de haïr Chloé, je devrais haïr ma mère, mais j’en suis incapable. Toute ma vie j’ai essayé de gagner son amour, sans avoir le moindre retour. Tous mes sacrifices pour lui faire des cadeaux. Inutiles ! Jamais contente. Je plains mon père. Suis-je comme elle ?
Chloé, aux yeux de ma mère, est une femme peu fréquentable. J’ai vingt sept ans, mais ma mère serait capable de m’interdire le contact. Je me sens devant un choix difficile. Si on nous verrait ensembles au village, un conflit entre moi et mes parents éclatera à coup sur.
Je crains le pire. Je vois mes parents rompre les liens avec moi. Quel gâchis. Je sais que je suis faible. Vais-je laisser tomber Chloé pour faire plaisir à mes parents ? Continuerais-je ma vie qui m’ennuie de plus en plus ? En tout cas dès que ma mère apprendra l’histoire avec Chloé, je n’aurai plus droit au petit plats cuisinées qu’elle me donne toutes les semaines.
J’essaye de chasser les idées noires par des rêveries érotiques. C’est ma façon à moi de me détendre. Je médite sur le tabou de la nudité, si bien encrée dans notre culture judéo-chrétienne. Combien de tableaux célèbres étaient censurés avec la feuille de vigne, par des âmes bienveillantes au nom de la pudeur et des bonnes mœurs. Encore au siècle dernier, le fait de montrer des sculptures d’hommes et femmes nus, était prohibé, même le nu artistique n’échappait à peine à la censure.
Et Chloé dans tout sa ? Se pose-t-elle ce genre de questions-là ? Je ne pense pas. Elle fait ce qui lui plait. Elle s’en moque de ce que les autres pensent. Elle n’écoute que son désir.
Poser nue pour des tableaux, devant des peintres, me fascine, m’excite, me choque. Bonjour mes tabous et encore merci ma mère. Mais le trouble c’est installé en moi, mes valeurs ont prises une gifle salutaire.
Je sais que j’ai des forts désirs exhibitionnistes. En face de ma chambre se trouve une maison de retraite. Mes rideaux sont fins et avec la lumière artificielle il n’est pas impossible de me voir de l’autre côté quand je me déshabille pour me coucher. Je ne sait pas réellement si on m’observe ou pas. Mais l’idée en moi n’est pas innocente : le fait d’être vue nue ou quasi nue me provoque des frissons. Je suis fière de mon corps et j’aimerais qu’on puisse le constater. Mélangé à un sentiment de gêne, un peu malsain parce que ceci m’excite, j’ai des montés d’adrénaline, pas possibles. Parfois je fantasme sur le fait qu’un de mes lecteurs de la bibliothèque pourrait m’observer.
Ma justification est toute faite : je suis chez moi. L’autre n’a pas à regarder ce qui se passe dans mon appartement. C’est lui le fautif, le voyeur. Moi, je garde bonne conscience.
Je ne suis pas très intrépide de nature : sinon je ferais bien du sauna. Dans mes fantasmes les plus poussés j’imagine des vacances naturistes.
Chloé m’a confié qu’elle aime prendre des bains pendant des heures. Là aussi, mes souvenirs sont cuisants. On restant trop long temps dans la baignoire, ma mère est entrée dans la salle de bains, sans prévenir comme d’habitude. Elle me surprend en train de me masturber. Fidèle à sa manière, j’étais sévèrement punie, autant physiquement que moralement.
À l’heure de l’arrive de mon père de son travail, j’ai dû attendre au coin. Mon père, contestant les méthodes de ma mère, refusait de m’infliger une correction supplémentaire, ce qui générait une violente dispute conjugale, suivi d’une bagarre physique entre mes parents.
Pendant des mois ma mère m’a tenue pour responsable de ce conflit familial, avec comme conséquence une interdiction totale de la baignoire ; approuvé par mon père qui se réjouissait des économies supplémentaires.
Jusqu’à mon mariage, je ne me suis rarement masturbée ; par peur inconsciente d’être punie, malgré le fait que je suive des études dans une autre ville.
Inutile de dire que je n’ai pas connue d’orgasme avec mon mari qui ne pensait qu’à son plaisir, sans se soucier du mien. Il me reprochait d’être frigide et m’a vite trompée.
J’ai connu d’autres hommes qui étaient plus tendres, mais mes orgasmes sont restés rares et pas vraiment satisfaisants. Alors quoi de plus naturel que de rester seule et vivre dans mes rêves ?
Je fantasme sur des scénarios avec Chloé. Je veux me sentir pour la première fois de ma vie vraiment aimée, dans le sens psychique et physique, et je veux que ce soit par une femme. Récompense ultime pour un manque d’amour pendant toute une vie.
L’histoire de la poétesse Sappho sur l’Isle de Lesbos m’est bien connue. C’est une histoire triste : Sappho, rejetée dans son amour pour Paon, se noie dans la mer, par désespoir.
J’adore la poésie et je trouve que René Char a bien résumé le pourquoi : « le poète est la partie de l’homme réfractaire aux projets calculés ».
Avec Chloé je suis en train de découvrir mes tendances lesbiennes. Je ne suis pas à la recherche d’un ersatz pour un homme, je suis en quête d’amour d’une femme plus âgée que moi. Je ne suis pas dupe sur mes motivations. Je veux me libérer de l’emprise de ma mère. Pourtant je ne vois pas une mère en Chloé, mais une vraie amie et qui veut bien partager ses expériences avec moi.
Peut importe ce que disaient les psychiatres, il n’y a pas longtemps encore : Le lesbianisme n’est pas une perversion (comme c’est rassurant), mais une déviation érotique ; soit fondé sur une névrose profonde (voir les péripéties de mon enfance), soit sur une absence de maturité.
Pour moi, Chloé est le symbole même de la femme féminine, de la « vraie femme » comme disent les hommes. Chloé mon amour, comme deux semaines de séparation peuvent être longues. On plus, tu ne me donnes pas signe de vie. Je me sens affreusement seule et abandonnée. Reviens-moi vite. Enlève-moi dans ton univers de poésie et de magie.